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"Ça me coûte une blinde à fabriquer": l'Europe en proie à "la pire récolte de fruits jamais connue", le prix des confitures va faire mal

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La Fédération des industries d'aliments conservés (Fiac) alerte, dans une étude publiée le 23 juillet, contre les difficultés d'approvisionnements en fruits à l'échelle européenne. Gelées tardives, grêle, sécheresse... Les aléas climatiques ont en effet lourdement impacté cette année les principaux bassins de production.

Si vous êtes amateur de confiture au petit-déjeuner, il faudra certainement payer plus cher le pot. Dans une étude publiée mercredi 23 juillet, la Fédération des industries d'aliments conservés (Fiac) sonne l'urgence contre "la pire récolte de fruits jamais connue" en Europe, qui entraîne une "explosion généralisée des prix pour le secteur des fruits transformés.

"En France, si les récoltes sont globalement correctes, les volumes orientés vers le secteur de la transformation sont très insuffisants pour couvrir les besoins. Les transformateurs doivent donc continuer à s’approvisionner dans les grands bassins européens, où les prix sont tirés vers le haut par la rareté à un niveau jamais vu car généralisé", précise la Fiac.

Grêle, gelées tardives, sécheresse... Les aléas climatiques ont eu un lourd impact sur les principaux bassins de production européens.

"Mais là cette année, ce qui est différent, c'est que quasiment tous sont impactés. L'Espagne, où il y a eu de la pluie et de la grêle. En Grèce, il y a eu beaucoup de pluie et du gel. Il y a eu de la sécheresse en Hongrie, il y a eu la sécheresse en Serbie. En Turquie et Bulgarie, ça a été du gel et de la pluie", souligne Adrien Mary, Délégué général de la Fiac auprès de BFM Business.

Conséquence des aléas climatiques qui deviennent de plus en plus fréquents, "de nombreux agriculteurs et arboriculteurs se détournent de ces cultures au profit d’activités moins exposées", rapporte la Fédération.

Vers une "dépendance accrue aux importations extra-européennes"?

Mais si rien ne change à l'avenir, "les volumes disponibles continueront de chuter, entraînant inévitablement une flambée durable des prix et une dépendance accrue aux importations extra-européennes", prévient la Fiac dans son étude.

Une solution loin d'être souhaitable selon Adrien Mary: "on est obligés d'aller sourcer du coup de plus en plus loin. Mais ces régions sont aussi impactées par les aléas climatiques. Et selon les années, elles auront aussi des problèmes", explique-t-il à BFM Business.

La flambée des prix des fruits est déjà bien ressentie par les artisans confituriers, comme Jannick Peytra, de l'atelier Peytra Fourquet à Saint-Émilion, en Gironde: "ça me coûte une blinde à fabriquer, au bout d'un moment j'arrêterai la recette parce qu'elle ne sera plus rentable", confie-t-il à RMC.

Et pour cause: en Serbie par exemple, après 40 jours sans pluie, la récolte de framboises a été réduite de moitié, les prix ont donc flambé sous l'effet d'une demande qui reste soutenue. Même scénario pour les fraises de Pologne, après les pluies et le gel qui ont entraîné une baisse jusqu'à 50% des volumes. 2025 est aussi une deuxième année noire pour les cerises griottes: "les récoltes sont dramatiquement basses en en Europe de l’Est avec des pertes de 30 à 80 % selon les pays. Le marché, déjà sous tension, voit les prix exploser en deux ans. À cela s’ajoutent des problèmes de qualité, laissant craindre des ruptures d’approvisionnement jusqu’à la prochaine récolte", alerte la Fiac.

Hausse des prix du sucre

Et les galères se poursuivent. "À ces difficultés sur les fruits s’ajoute une tendance haussière sur le prix du sucre sous l’effet d’une baisse des surfaces de betteraves en Europe (-7 % cette année)", souligne la Fédération.

Caroline Robin