Bruno Le Maire veut mettre fin à "la gratuité de tout, pour tous"

Bruno Le Maire est loin de se montrer dithyrambique quand il évoque le modèle socio-économique français. Dans une longue interview accordée au Journal du Dimanche, le ministre de l'Economie a appelé à en finir avec "l'Etat-providence" pour le remplacer par "l'Etat protecteur".
"L’État-providence a fini par devenir une machine à empiler de nouvelles dépenses publiques, sans examen de leur pertinence ni de leur efficacité, sans remise en cause non plus des dépenses précédentes", s'est-il emporté alors que Bercy cherche à réduire la voilure en ce début d'année. En février, le ministre de l'Economie à la plus grande longévité avait annoncé l'annulation de 10 milliards d'euros de crédits pour 2024 avant que le ministre aux Comptes publics, Thomas Cazenave, plaide pour 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour 2025 quelques jours plus tard.
D'aucuns pourraient voir dans cette interview une réponse apportée à la Cour des comptes, qui dans son rapport annuel rendu en début de semaine s'est montrée très inquiète quant à la trajectoire des finances publiques. L'institution estime qu'il faudra "de l’ordre de 50 milliards d’économies entre 2025 et 2027" pour respecter l'objectif de réduction du déficit public à 3% attendu pour la fin du quinquennat. Tout cela, sous le regard attentif de Bruxelles, qui a acté le retour du pacte de stabilité.
"Nous devons reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable, a-t-il clamé. Quel est en fait son but ultime? La gratuité de tout, pour tous, tout le temps : c’est intenable."
Le locataire de Bercy a signalé qu'il "y a toujours quelqu'un qui paie la gratuité", assurant que "le temps du choix est venu"
Pour autant, si Bruno Le Maire a martelé qu'il fallait sortir "une bonne fois pour toutes du mirage de la gratuité universelle", il n'a pas esquissé de nouvelles pistes d'économie. Le ministre s'est contenté d'évoquer la problématique du "grand âge" qui "pèse lourdement sur les comptes sociaux et pèsera de plus en plus lourd". Dans son rapport, la Cour des comptes pointait déjà un manque de documentation sur les réductions de dépenses envisagées.
Par ailleurs, Bruno Le Maire a réaffirmé sa volonté de durcir une nouvelle fois les conditions de l'assurance-chômage, y voyant une forme de panacée: "Nous avons encore une durée d'indemnisation parmi les plus généreuses en Europe. Cette générosité se paie au prix fort: un taux de chômage encore au-dessus de celui de nos principaux partenaires économiques". Et d'ajouter: "Avec le plein-emploi, une grande partie des problèmes financiers de la France seraient réglés, en particulier les problèmes de déficits et de dettes".