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Avec des touristes étrangers toujours rares, les palaces parisiens rouvrent en plein flou

Un employé de l'hotel Crillon prépare une chambre le 18 août  2020 avant la réouverture prévue le 24 août

Un employé de l'hotel Crillon prépare une chambre le 18 août 2020 avant la réouverture prévue le 24 août - GEOFFROY VAN DER HASSELT © 2019 AFP

Après cinq mois d'inactivité, de nombreux palaces de la capitale rouvrent leurs portes dans un contexte d'incertitude totale quant au retour de la clientèle internationale qui fait vivre ces hôtels de luxe.

Privés de la manne des touristes étrangers fortunés, les palaces de la capitale entament une périlleuse réouverture après presque six mois d'inactivité. En temps normal, Français et Européens ne représentent que 25% de la clientèle des cinq étoiles parisiens. Les trois quarts viennent des États-Unis, du Japon, de Chine, du Moyen-Orient, du Brésil ou de Russie, mais ils font défaut à cause des quatorzaines imposées à certains d'entre eux à leur entrée en France.

La plupart des hôtels de luxe parisiens ont repoussé leur réouverture à septembre: moins d'un cinq étoiles de la capitale sur trois a repris son activité cet été, recense le cabinet spécialisé MKG Consulting, contre 68% dans le reste du pays et 100% sur le littoral.

"Toute la filière a intérêt à ce qu'ils retrouvent leur place"

Or s'ils sont un marché de niche, "les palaces sont la vitrine du tourisme haut de gamme à Paris, c'est du rêve, du glamour, du savoir-faire en termes de gastronomie, de patrimoine: les chefs étoilés vivent de leur clientèle, toute la filière a intérêt à ce qu'ils retrouvent leur place", explique Vanguélis Panayotis, président de MKG.

Ces établissements ont "une responsabilité sociétale vis-à-vis des boutiques, des chauffeurs de taxi, des boutiques qu'ils font vivre autour d'eux, et de leurs fournisseurs", renchérit François Delahaye, patron du Meurice et du Plaza Athénée.

Le Lutetia attend le 24 septembre pour rouvrir

Ces deux palaces ont rouvert mardi, tout comme le Bristol et le Park Hyatt Paris-Vendôme, mais certains gardent portes closes, comme le Lutetia, qui attend le 24.

"Nous avons rouvert les spas, le restaurant gastronomique -Alain Ducasse- du Plaza, qui marche bien, mais pas celui du Meurice, on attend le 22, parce qu'on n'avait pas assez de réservations", explique François Delahaye.

Quant au Ritz et au Crillon, ils ont été les premiers à se jeter à l'eau, le 24 août.

"Pour ceux qui rouvrent, il y a une vraie prise de risque, parce qu'ils vont être à des niveaux de fréquentation très bas, 30% ou 20%, ce qui n'est clairement pas suffisant pour faire tourner de si gros paquebots", qui offrent des prestations de luxe: room service 24h/24, conciergerie, voiturier...", souligne le président de MKG.

Le Meurice et le Plaza Athénée "vont perdre de l'argent"

Le Meurice et le Plaza Athénée, dont la clientèle majoritaire est américaine, vont certes "perdre de l'argent, mais il faut jouer le jeu pour relancer la machine", estime le patron de ces deux palaces.

"Et grâce au dispositif de chômage partiel mis en place par l'Etat, sur les 550 employés, il n'y en a que 180 qui travaillent, les autres reviennent une semaine sur deux", précise-t-il. "Sans cela, on serait obligés de licencier nos employés, ce qui serait un drame et ferait des chômeurs à indemniser, donc cette aide du gouvernement est astucieuse".

Durant sa fermeture, le Prince de Galles a fait des travaux

Le Prince de Galles a prévu de rouvrir le 7 septembre, après avoir profité de ces derniers mois pour réaliser d’importants travaux, "les plus conséquents depuis sa rénovation en 2015" selon la direction du palace parisien. Pour tenter d'attirer la clientèle, celle-ci vante un nouveau bar, le 19.20.

"S'en suivra début 2021, la présentation d’un tout nouveau restaurant signé du chef Akira Back, dont ce sera la première adresse en Europe" souligne Gérald Krischeck, directeur général du Prince de Galles.

Au Park Hyatt Paris-Vendôme -156 chambres et 300 salariés-, "on est très contents de retrouver notre belle clientèle française et européenne", assure son directeur général, Claudio Ceccherelli.

Pour la Fashion Week, LVMH n'a réservé que 250 nuitées

Pour séduire les Parisiens, le restaurant étoilé du Park Hyatt, Pur, qui rouvre le 16 septembre, proposera aux clients de créer leur menu de 3, 6 ou 8 plats signés par le chef Jean-François Rouquette, précise le directeur du Park Hyatt Paris-Vendôme.

"Nous n'avons que quelques chambres occupées, mais nous espérons que les réservations vont augmenter. Il faut être positifs ! Même si nous n'avons pas de visibilité sur les évènements comme Roland Garros ou la Fashion week...".

Pour la Fashion Week, le géant du luxe LVMH "qui réservait 1.250 nuitées, est tombé à 250", explique aussi le patron du Meurice et du Plaza Athénée, "parce qu'ils invitaient des Américains, des Chinois, qui ne sortent pas de leur pays à cause de la quatorzaine".

F.B. avec AFP