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Arnaud Lagardère devrait finalement vendre ses parts à Vincent Bolloré

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Le PDG de Lagardère est prêt à apporter ses titres à l’OPA de Vivendi à la fin 2023. La majorité de sa participation doit servir à rembourser ses dettes au Crédit Agricole.

Le suspense touche à sa fin autour de l’avenir d’Arnaud Lagardère. Le patron de Lagardère est prêt à vendre ses 11,1% qu’il détient dans son groupe à Vivendi. Dans un document transmis à l’Autorité des marchés financiers (AMF), Lagardère indique qu’"Arnaud Lagardère a précisé qu’il apporterait les actions Lagardère qu’il détient […] à l’offre subsidiaire".

L’OPA de Vincent Bolloré durera du 14 avril au 20 mai, voire jusqu’au 9 juin si elle se prolonge. Dans ce délai, les actionnaires de Lagardère peuvent aussi conserver leurs actions mais choisir une option leur permettant de les apporter, plus tard, jusqu’au 15 décembre 2023. C’est cette "offre subsidiaire" qu’Arnaud Lagardère a choisie. Il ne vendra donc pas immédiatement ses titres. "Il a déjà dit qu’il resterait actionnaire de Lagardère", martèle un de ses proches. "Nous souhaitons également qu’Arnaud Lagardère reste", insiste-t-on chez Vivendi.

7% de ses parts sont en garantie de ses dettes

Mais dans cette ambiance faussement harmonieuse, la réalité est plus complexe. Une précision importante est apportée dans ce même document. Deux tiers de sa participation, soit environ 7,2 % sont détenue dans une société à part, Lagardère Capital, qui porte les 164 millions d’euros de dettes d’Arnaud Lagardère. "Ces actions et les droits de cession seront affectés en nantissement à la garantie d’un financement", est-il écrit. Dit autrement, les options de vendre 7 % du capital de Lagardère serviront de garantie à ses emprunts. Et seront surtout entre les mains de sa banque: le Crédit Agricole.

Et du côté de la banque verte, il n’y a plus de suspense. "Il va falloir qu’Arnaud Lagardère liquide ses titres pour nous rembourser, explique un dirigeant du Crédit Agricole à BFM Business. C’est la fin de l’histoire". Ces 7,2 % de Lagardère devraient être vendus pour solder ses dettes au plus tard fin 2023. Ces parts sont valorisées à 243 millions d’euros au prix de l’OPA de Vivendi. En plus des 4% restant qu’Arnaud Lagardère détient, il devrait lui rester environ 211 millions d’euros après le remboursement de ses dettes.

En attendant la fin de l’histoire, Vivendi et Lagardère ont intérêt à faire croire qu’ils vont maintenir deux groupes distincts. Les autorités européennes de la concurrence étudient leur rapprochement et le risque de position dominante dans l’édition avec leurs deux maisons: Editis et Hachette. Fusionner Vivendi et Lagardère serait pris comme une provocation par Bruxelles qui scrute le moindre signe d’entente.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business