"0,2%, c'est une bonne surprise": pourquoi la croissance française a résisté au premier trimestre

La croissance française résiste. Soutenu par la consommation des ménages et les investissements des entreprises, le produit intérieur brut (PIB) a finalement progressé de 0,2% entre janvier et mars.
"C'est une bonne surprise par rapport à ce qu'on prévoyait", a réagi ce mardi sur BFM Business Jean-Luc Tavernier, directeur général de l'Insee.
L'Insee était en effet plutôt timide dans ses prévisions, avec l'anticipation d'une croissance nulle. Pour le premier trimestre 2024, la Banque de France visait elle juste avec une progression de 0,2%, mais l'Insee .
Jean-Luc Tavernier donne quelques explications sur cette tendance plutôt inattendue tant la situation était compliquée en 2023. Il relève que l'Insee s'attendait en effet à une reprise de la consommation et du pouvoir d'achat du fait de la désinflation et des hausses de revenus.
"Prenons les retraites qui ont augmenté en début d'année", cite en exemple le directeur général de l'Insee.
Des réalités contrastées
En avril, l'inflation a ralenti à 2,2% sur un an, selon les résultats provisoires communiqués mardi par l'Insee. La consommation est ainsi meilleure que ce que prévoyait l'Insee.
"A tous ceux qui veulent faire croire que notre économie est à l'arrêt: les faits sont têtus. La croissance française progresse", a réagi Bruno Le Maire après la publication de cette première estimation.
Le PIB a également été soutenu au premier trimestre par un rebond des investissements (+0,3% après -0,9%), un chiffre qui masque toutefois des réalités contrastées: si les investissements des entreprises ont continué de progresser (+0,5% après +0,8%), ceux des ménages restent en territoire négatif (-1,5% après -2,1%).
"On s'attendait une baisse, une stabilité de l'investissement des entreprises et une baisse de l'investissement logement. Pour les ménages, on l'a, mais pour les entreprises, ça résiste plus que ce qu'on croyait avec pas mal d'investissement dans les services informatiques et dans les flottes d'entreprises", explique Jean-Luc Tavernier en prévenant que ces phénomènes sont peut-être "ponctuels".
Consommation timide, mais manifeste
Pour Jean-Luc Tavernier, une dynamique a surtout été observée dans les services notamment dans le secteur HCR (hôtels, cafés, restaurants) la hausse a même atteint +1,5% sur le trimestre.
"La consommation est encore timide, mais elle est manifeste", indique le responsable de l'Insee en constatant par contre des signaux moins encourageants. "La force antagoniste c'est le fait que les taux d'intérêt sont toujours élevés et ça pèse sur l'investissement".
Interrogé par l'AFP, Maxime Darmet, économiste pour Allianz Trade, considère que ces signaux sont "clairement le moteur de la reprise".
Outre la bonne tenue de la demande en services, "il y a notamment une reprise des dépenses dans l'alimentaire, un poste qui se portait très mal depuis 18 mois".
Désormais, chaque dixième de point de pourcentage va compter pour atteindre la cible de 1% de hausse annuelle du PIB fixée par le gouvernement, une prévision supérieure à celle des principaux instituts de conjoncture. Le contexte est délicat pour l'exécutif, avec un dérapage du déficit public en 2023, à 5,5% du PIB contre 4,9% attendu, en raison principalement de mauvaises recettes.
