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Pour le patron du Crédit Mutuel, "si vous aimez la criminalité, vous allez adorer les cryptomonnaies"

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Dans une interview au journal La Croix, le patron du Crédit Mutuel Alliance Fédérale a livré sa vision du secteur crypto.

Face à la menace que font peser les cryptomonnaies sur le secteur bancaire, les patrons des grandes banques françaises sont loin d'être des fervents défenseurs de cette nouvelle classe d'actifs. Après les prédictions de Philippe Brassac, le directeur général du Crédit Agricole, selon lesquelles le bitcoin "passera sous la barre d'un dollar en 2025", c'est au tour de Nicolas Théry, le président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale, de faire une nouvelle déclaration "d'amour" au secteur.

"Si vous aimez le blanchiment, la criminalité, l’anonymat, vous allez adorer les cryptomonnaies", a déclaré ce dernier dans La Croix.

Certains mythes autour des cryptomonnaies ont donc encore la vie dure. Certes à ses débuts dans les années 2010, le bitcoin était beaucoup utilisé pour payer sur des sites de dark web, à l'instar de la plateforme Silk Road. Aujourd'hui, des criminels continuent d'utiliser certaines cryptomonnaies pour réaliser des transactions. Mais au final, les cryptomonnaies restent moins utilisées que les monnaies traditionnelles (euro ou dollar) pour des activités illicites.

En 2022, le volume des transactions illicites en cryptomonnaies a atteint 20,1 milliards de dollars, la part de l'ensemble des cryptomonnaies associées à une activité illicite étant de 0,24 %, selon la société Chainalysis. Par ailleurs, la plupart des cryptomonnaies sont dites pseudonymes, à l'instar des deux plus adoptées aujourd'hui, le bitcoin et l'ether. Au final, une minorité de cryptomonnaies sont dites anonymes, comme le monero ou le zcash (voir la différence entre les cryptomonnaies anonymes et pseudonymes par ici.)

"Soutenir les milices russes Wagner"

Par ailleurs, Nicolas Théry a mis en opposition le principe de décentralisation propre au secteur des cryptomonnaies, à celui de la centralisation des banques. "L’invention de la banque centrale, de la monnaie souveraine, est un progrès social", explique-t-il.

"Cela permet de protéger le pouvoir d’achat des classes populaires, mais aussi les recettes fiscales, de lutter contre la fraude, d’assurer la stabilité. L’inflation est un cancer, un impôt brutal et non démocratique. Militer pour les cryptomonnaies, cela revient à soutenir les milices russes Wagner contre les armées de la république. C’est une tentative de privatisation d’un bien commun", considère Nicolas Théry.

Pour rappel, la milice Wagner est une société privée de mercenaires russes envoyés notamment en Ukraine. La journaliste Alexandra Jousset, coréalisatrice du documentaire "Wagner, l'armée de l'ombre de Poutine" a décrit cette milice comme étant "sans foi ni loi".

Nicolas Théry n'est pas le premier patron français à tacler les cryptomonnaies, mais son discours pourrait devenir désuet dans le milieu de la finance. En effet, plusieurs grands groupes financiers français ont décidé d'explorer cet univers. Par exemple, des filiales de la Société Générale et d'Axa ont obtenu le statut PSAN (pour prestataires de services sur actifs numériques), leur permettant de gérer, en partie, ces actifs. De même, fin janvier, on apprenait que trois banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole - seule la filiale américaine à New-York est mentionnée - et Société Générale) étaient créancières du géant des cryptos FTX, tombé mi-novembre.

Pauline Armandet