Face à des arnaques crypto de plus en plus sophistiquées, quels sont les réflexes à avoir pour protéger ses actifs?

Même sans être à la tête d’une entreprise du CAC 40, vous pouvez être la cible de cybermalfaiteurs. Tout comme dans le monde réel, les cryptos suscitent la convoitise des criminels en tout genre, désormais outillés pour agir dans la sphère numérique. Résultat, les arnaques se multiplient et personne n'est à l'abri, que l'on détienne quelques morceaux de bitcoin sans y prêter attention ou que l'on soit un l’utilisateur averti. Petit tour d’horizon des principales menaces —et des bons réflexes à adopter.
Escrocs 3.0: l’ère de l’ingénierie sociale
La plus redoutable, car invisible, c’est l’arnaque au "SIM swap". Un fraudeur usurpe votre identité auprès de votre opérateur téléphonique pour faire transférer votre numéro vers une nouvelle carte SIM qu’il contrôle. Une fois le numéro détourné, il peut intercepter les SMS de vérification et accéder à vos comptes sur les plateformes de trading. La meilleure parade? Activer la double authentification via une application comme Google Authenticator, plutôt que par SMS.
Autre grand classique: les e-mails de phishing, souvent déguisés en alertes de Ledger, Binance ou autre acteur reconnu. On vous demande de "mettre à jour votre portefeuille". Vous cliquez, entrez vos identifiants ou votre phrase de récupération… et vos fonds disparaissent à jamais. Rappel fondamental: ne jamais partager sa "seed phrase". Et si vous avez le moindre doute, passez directement par l’application officielle ou le site validé.
Les réseaux sociaux ne sont pas en reste: fausses célébrités, faux Elon Musk et promesses de "doubler votre mise". L’exemple typique: "Envoyez-moi 1 bitcoin, je vous en renvoie 2". Sans surprise, vous ne reverrez ni l’un, ni l’autre. Même logique dans les "romance scams" ou arnaques sentimentales, où une personne séduisante vous embarque dans un projet crypto… avant de disparaître avec votre argent. Ces pratiques sont connues sous le nom de "Pig Butchering", ou "abattage de cochon": on vous gave de confiance avant de vous plumer.
Dans la DeFi, les arnaques montent d’un cran
Dans l’univers de la finance décentralisée (DeFi), les pièges se sophistiquent. Faux projets de levée de fonds, sites imitant à la perfection des interfaces légitimes, faux airdrops… Les escrocs redoublent d’ingéniosité.
Le cœur du problème réside souvent dans les smart contracts malveillants. Lorsqu’un utilisateur donne une autorisation de transaction à un contrat intelligent, il pense parfois valider une simple opération de 10 dollars. En réalité, le contrat peut être programmé pour prendre le contrôle complet du portefeuille, parfois plusieurs semaines après l’autorisation. L’utilisateur ne s’en rend compte qu’une fois son wallet vidé.
Les bons réflexes:
- Toujours vérifier l’URL du projet, idéalement en passant par le compte Twitter ou le Discord officiel.
- Utiliser des extensions de navigateur qui évaluent la fiabilité des contrats intelligents.
- Révoquer régulièrement les autorisations de votre wallet (via des outils comme Revoke.cash ou Etherscan).
Même si vous êtes prudent, un risque demeure: le piratage direct des plateformes. Selon la société de sécurité blockchain Peckshield, plus de 3 milliards de dollars ont été volés en 2024 via hacks et arnaques diverses, contre 2,6 milliards en 2023. Et 2025 semble suivre le même chemin: plus de 2 milliards ont déjà été dérobés en cinq mois seulement.
Une cybercriminalité de plus en plus professionnelle
Ce qui rend la menace encore plus inquiétante, c’est la montée en puissance des réseaux criminels organisés. L’un des plus redoutés est le groupe Lazarus, lié à la Corée du Nord. Il aurait orchestré des attaques complexes sur des protocoles DeFi et des plateformes de trading, avec à la clé plus de 3 milliards de dollars volés ces dernières années. Des opérations dignes des services de renseignement.
À l’autre extrémité du spectre, une autre menace tout aussi préoccupante prend racine en Asie du Sud-Est: les arnaques industrielles à l’ingénierie sociale. Selon les derniers rapports de Human Rights Watch et de la Human Research Consultancy, des call centers entiers installés au Cambodge ou en Birmanie exploitent des milliers de personnes, souvent réduites à l’esclavage moderne, pour piéger des victimes via Telegram, Twitter ou même des applis de rencontre. Ces "usines à scam" fonctionnent comme des entreprises classiques, avec objectifs, scripts de conversation, formation interne… sauf qu’au lieu de vendre un produit, elles vident les portefeuilles numériques.
Face à des arnaques de plus en plus sophistiquées, portées par de véritables organisations criminelles structurées, parfois même étatiques, il ne s’agit plus simplement de se méfier: il faut désormais se former et s'informer en continu, car la cybercriminalité crypto est devenue une industrie à part entière.