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Centre de rétention de Nice: une plainte après la diffusion d'une bande-son pornographique pendant la prière

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Une fonctionnaire du centre de rétention est mise en cause par plusieurs personnes qui l'accusent d'avoir diffusé une bande-son à caractère pornographique à l'heure de la prière et de leur avoir proposé des relations tarifées.

"Traités comme des animaux". Une plainte a été déposée le 5 janvier dernier par quinze retenus du Centre de rétention administratif (CRA) de Nice, a révélé ce lundi Médiapart. Les faits dénoncés remontent au week-end du 1er et 2 janvier 2022. Deux fois en l'espace de deux jours, le samedi après-midi et le dimanche soir, la bande-son d'un film à caractère pornographique a été diffusée dans l'établissement, à l'heure de la prière.

Mohamed, Tunisien sans papiers en France depuis six ans, a passé vingt jours dans ce centre de rétention. Il était là le week-end en question et témoigne au micro de BFM Nice Côte d'Azur.

"D'un coup on entend un bruit, genre un film pornographique. Ça s'est arrêté quelques secondes et ça a repris. Des collègues à moi étaient en train de faire la prière", explique-t-il.

"Elle a fait exprès"

Ces hauts-parleurs sont habituellement utilisés pour "appeler les personnes qui sont retenus soit parce que l'avocat est présent soit parce qu'on a besoin de lui notifier une décision", explique maître Hanan Hmad, avocate au barreau de Nice. Elle ajoute qu'ils sont présents "dans tout le centre de rétention, y compris au premier étage dans les chambres".

Dans cette affaire, une fonctionnaire est mise en cause par les plaignants. D'après Mohamed, "celle qui a fait ça a dit 'moi je mets ça et ce n'est pas votre problème, je fais ce que je veux'. Elle a fait exprès juste pour nous foutre la haine".

"C'était bizarre. Elle nous prend comme des, je ne sais pas, même des animaux, on les respecte, on ne fait pas ça devant les animaux non plus", poursuit l'ancien retenu.

Outre la diffusion de sons à caractère pornographique, la fonctionnaire est également accusée d'avoir proposé à plusieurs personnes retenues des relations sexuelles tarifées. D'après la plainte que BFM Nice Côte d'Azur a également pu consulter, elle aurait déclaré "je peux coucher même avec des chiens" et avait l'air d'avoir "pris quelque chose", expliquent les plaignants.

Enquête interne

Cette plainte a été envoyée au parquet de Nice deux jours après les faits mais le procureur explique ne pas l'avoir reçue. Il a quand même été reconnu qu'un incident de cette nature a bien eu lieu comme l'explique à BFM Nice Côte d'Azur, Tomas Statius, le journaliste derrière l'enquête de Mediapart.

"Dans les derniers échanges que j'ai eus avec la Direction de la police nationale, ils reconnaissent ces faits en disant que ça s'est passé, d'ailleurs c'est sur ce titre-là que des sanctions administratives ont été prises contre certains des policiers", explique le journaliste.

Une enquête interne a été ouverte après cette plainte, la fonctionnaire mise en cause a été sanctionnée et mutée dans un autre service où elle ne porte plus d'arme. La Direction générale de la police nationale a précisé à Mediapart qu'il a été "décidé de l’écarter de ses collègues" après un "conseil de discipline".

Trois autres policiers présents au moment des faits mais n'étant pas intervenus ont également été sanctionnés après cette enquête administrative. Leur sanction n'est pas connue pour le moment, précisent nos confrères.

Le parquet de Nice quant à lui, doit décider dans les prochains jours s'il y a matière à ouvrir une procédure pénale.

Charles de Quillacq avec Marine Langlois