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Breil-sur-Roya: le militant Cédric Herrou devant la justice après une plainte du maire, le jugement rendu le 27 février

Cédric Herrou le 18 mai 2018

Cédric Herrou le 18 mai 2018 - Loïc Venance-AFP

L'agriculteur militant Cédric Herrou comparaissait ce jeudi 9 janvier devant le tribunal correctionnel de Nice pour des faits de diffamation et d'injures publiques à l’encontre de Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya.

L'agriculteur et militant Cédric Herrou comparaissait, ce jeudi 9 janvier, devant le tribunal correctionnel de Nice pour des faits de diffamation et injures publiques à l’encontre de Sébastien Olharan, maire de Breil-sur-Roya.

En février 2024, Cédric Herrou avait accusé l'élu sur le réseau social X de bloquer l'accès à son exploitation agricole. Les échanges avaient dégénéré, notamment avec des propos comme "Bébé Ciotti sevré trop tard", "parasite gorgé d’orgueil et d’argent public" ou encore "sombre type d’un parti en ruine".

"Je suis maire et délégué départemental, je m’expose naturellement à la critique. Mais elle doit s’arrêter là où elle porte atteinte à mon honneur", a notamment déclaré le maire lors de l'audience ce mercredi.

Il poursuit: "cela fait plusieurs années que Cédric Herrou tient des propos dégradants à mon égard. Depuis cette citation directe, ces insultes ont été réitérées et d’autres accusations graves ont été émises, comme un détournement de fonds publics".

Le maire de Breil-sur-Roya a également évoqué une menace implicite datant d’un tweet de Herrou. "Après l’attentat contre Donald Trump, il avait écrit: 'Moi, je sais viser'", a déclaré ce dernier.

Des rapports "dégradés au fil du temps"

"Nos rapports se sont dégradés au fil du temps", relate au tribunal de Nice Cédric Herru. Mais je n’ai jamais accusé le maire de détournement de fonds publics. J’agis parfois de façon provocatrice en tant que militant, mais ce n’est pas ma volonté de le blesser. Si je l’ai fait, je pourrais m’en excuser."

Ce dernier a aussi rappelé son engagement après la tempête Alex. "Je travaille 75 heures par semaine. Je suis agriculteur, pas politicien. Je cherche simplement à faire réagir sur des questions importantes".

"Ce qui choque mon client, ce sont les accusations graves et répétées. Monsieur Herrou accuse le maire d’avoir influencé un voisin pour bloquer son accès, d’avoir détourné un terrain agricole et de nuire à la communauté agricole", relate Maître Willm, représentante du maire et la commune, qui a dénoncé un acharnement.

"Monsieur Herrou est finalement le plus grand fan de mon client, puisqu’il réagit à chacun de ses tweets", poursuit l'avocate.

La liberté d’expression plaidée par la défense

La défense de Cédric Herrou, Maître Goldman, a de son côté plaidé la liberté d’expression lors de l'audience. "Un homme politique est plus exposé à la critique qu’un citoyen lambda. Des termes comme 'parasite' ou 'sombre type' relèvent de l’expression d’une opinion dans le cadre d’un débat d’intérêt général".

Et de poursuivre: "Twitter est un format court, propice aux punchlines. Cela ne suffit pas à caractériser une injure".

Le tribunal a rappelé que les notions de diffamation et d’injure sont complexes en droit. L'affaire a été mise en délibéré et le jugement sera rendu le 27 février 2025. Les parties civiles réclament 1.000 euros pour le maire et 1.000 euros pour la commune. La défense demande la relaxe.

Manon Aversa avec Alixan Lavorel