Voie réservée sur le périphérique parisien: un coup d'accélérateur pour le covoiturage?

Ce lundi 3 mars marque le coup d'envoi de la voie réservée sur le périphérique parisien, mais aussi sur l'A1 et l'A13. Parmi les objectifs affichés: celui de réduire massivement "l'autosolisme" sur un des principaux axes routiers de Paris et de la petite couronne, avec aussi beaucoup de trafic de transit.
Aux heures de pointe, de 7h à 10h30, puis de 16h à 20h, cette voie de gauche d'une grande partie du périphérique (de Quai d'Issy à Porte de Bercy par le Nord dans les deux sens du circulation) sera en effet notamment réservée aux voitures transportant aux moins deux personnes.
Une manière d'encourager à "remplir" les véhicules, alors que près de 80% des usagers du périphérique circulent seul à bord, d'après la Mairie de Paris, qui donne également une moyenne de 1,24 personne par voiture et encore moins, 1,10 personne par voiture, pour les trajets domicile-travail. De quoi donc potentiellement inciter à pratiquer le covoiturage.
Le covoiturage, "un moyen de mobilité à part entière"
Une pratique que cherche justement à développer Blablacar Daily, la variante de la célèbre plateforme de covoiturage sur ces trajets courts du quotidien. Et qui voit logiquement d'un bon œil cette initiative parisienne.
"C'est une bonne nouvelle, mais plutôt de l'ordre du symbole, avec d'autres mesures à mettre en place pour favoriser le covoiturage", souligne Adrien Tahon, directeur de Blablacar Daily, à BFM Business.
"Il y a quelques années, cela aurait semblé inimaginable de mettre en place une telle voie. Cela montre le chemin parcouru en particulier depuis le Covid avec le développement du covoiturage et la reconnaissance qu'il s'agit d'un moyen de mobilité à part entière, comme les transports en commun", poursuit-il.
De quoi accompagner le développement de ce service qui compte plus de 2,8 millions d'inscrits en France, avec 3,2 millions de trajets en 2024, en hausse de 30% par rapport à l'année précédente.
Un trajet "gratuit" pour les abonnés Navigo
En Île-de-France, la zone "petite couronne" qui inclue Paris et les départements limitrophes (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), n'est toutefois pas le cœur de cible de Blablacar Daily:
"Le gros de notre activité dans la région se concentre plutôt sur les trajets entre villes de la grande couronne (Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne, Val-d'Oise) qui représentent 70% des trajets dans la région", explique Adrien Tahon.
Des entreprises où une large majorité de salariés viennent en voiture, ce qui augmente la possibilité de trouver un conducteur et des passagers. De quoi atteindre jusqu'à 25% de personnes qui utilsent ce mode de transport dans certains cas.
Le directeur de Blablacar Daily met aussi en avant le rôle de la région et d'Île-de-France Mobilités pour encourager cette pratique. L'occasion de rappeler que ces trajets sont "gratuits" pour les abonnés Navigo annuels, mensuels et Imagin'R. Une manière aussi d'inciter à trouver une solution alternative aux transports en commun parfois saturés. Sans être abonné, le coût reste aussi bien inférieur à un titre de transport, avec 0,5 euro par trajet.
Côté conducteurs, il est possible de recevoir entre 1,5 et 3 euros par trajet et jusqu'à 150 euros par mois en acceptant des covoitureurs.
Un retour de la prime covoiturage attendu
Une perspective de gains qui pourrait attirer de nouveaux conducteurs, même si Blablacar Daily regrette surtout l'arrêt brutal de la prime de covoiturage.
Cette aide de l'État de 100 euros mise en place début 2023 était passée à 50 euros au 1er janvier 2025 avant d'être arrêtée depuis le 31 janvier. Un mauvais signal alors qu'elle devait être maintenue jusqu'en 2027.
Pour continuer à se développer, Blablacar Daily compte ainsi poursuivre ses accords avec des collectivités locales comme les communautés d'agglomérations, qui peuvent aussi co-financer des trajets. L'opérateur de covoiturage compte actuellement 164 partenaires de ce type, contre 80 un an plus tôt.
Blablacar Daily mise aussi sur les accords avec des entreprises, près de 1.300 actuellement. Une manière pour elles de verdir leur bilan RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et de mettre en place en interne les outils de mise en relation entre conducteurs et passagers.