Toyota anticipe un effondrement de 21% de son bénéfice pour l'exercice 2025-2026

Le logo du constructeur japonais Toyota, le 4 août 2022 à Tokyo (photo d'illustration). - Kazuhiro NOGI / AFP
Toyota s'attend à une chute vertigineuse. Le géant automobile japonais, numéro un mondial, a annoncé ce jeudi 8 mai anticiper une baisse de 21% de son bénéfice pour l'exercice 2025-2026, sous la pression des surtaxes douanières américaines.
Le constructeur automobile prévoit un bénéfice d'exploitation de 3.800 milliards de yens (23,35 milliards d'euros) pour l'exercice en cours (d'avril 2025 à avril 2026), en baisse après 4.800 milliards de yens enregistré sur son exercice 2024/25. Les analystes s'attendait à mieux et tablaient sur un bénéfice d'exploitation de 4.7500 yens sur 2024-25, selon les données LSEG.
"L'impact estimé des droits de douane américains mis en oeuvre en avril et en mai 2025 a été provisoirement pris en compte", a déclaré le groupe japonais dans un communiqué.
Cet impact est évalué à un coût de 180 milliards de yens (1,1 milliard d'euros), a déclaré le groupe japonais dans un communiqué.
Le bénéfice net en baisse de 35%
Les prévisions de l'entreprise concernant le bénéfice net prévoient une chute encore plus lourde, avec -34,9% sur la même période, alors même que les ventes devraient continuer à augmenter (+1%).
La baisse des bénéfices pour l'année à venir est due à l'impact négatif d'un yen plus fort, ainsi qu'à la hausse des prix des matériaux et à l'impact des tarifs douaniers, a déclaré le groupe.
L'administration du président américain Donald Trump impose depuis début avril des surtaxes de 25% sur les voitures importées aux États-Unis, mais aussi depuis peu sur les importations de pièces cruciales comme les moteurs et transmissions.
Le géant automobile nippon, qui comme ses concurrents pâtit de l'essoufflement des ventes de voitures à travers le monde et d'enquêtes réglementaires au Japon, est particulièrement vulnérable à cette offensive douanière lancée par Washington.
Toyota, un constructeur très sensible aux droits de douane
Sur l'année 2024, Toyota avait réalisé un quart de ses ventes mondiales aux États-Unis, où il a écoulé 2,33 millions de véhicules -dont 1,06 million avaient été importés depuis le Japon et le Mexique.
Le sujet est très sensible dans l'archipel: l'automobile représente 28% des exportations japonaises à destination des États-Unis, et environ un emploi sur huit dans le pays est lié à l'industrie automobile.
"Les constructeurs automobiles font ce qu'ils peuvent pour tenter de délocaliser leur production aux États-Unis, même s'il n'y a pas de bouleversements majeurs (dans l'immédiat), car ces transferts de production prennent du temps", indique à l'AFP Takaki Nakanishi, du cabinet spécialisé Nakanishi Research Institute.
Toyota possède dix usines aux États-Unis, mais est également fortement implanté au Mexique, dans le cadre de chaînes de production transfrontalières désormais sévèrement perturbées, malgré de récents assouplissements dévoilés par Donald Trump pour les pièces détachées.
Des ventes qui stagnent au niveau mondial
Les ventes mondiales de Toyota ont aussi stagné l'an dernier, avec un recul de 0,3% sur l'exercice 2024/25 à 10,27 millions de véhicules (en incluant Lexus). Ce chiffre trouce ses racines dans le plongeon de ses ventes au Japon jusqu'à l'automne dernier, notamment en raison de rappels de son modèle Prius hybride, suivi d'arrêts de livraisons enjoints par les régulateurs en raison d'irrégularités concernant les tests de certification.
Les ventes de Toyota en Chine, un marché crucial, ont plongé d'environ 6% en nombre d'unités sur l'exercice, face à la concurrence acérée de constructeurs chinois, dont BYD, champion de la voiture électrique, mais aussi sur fond de conjoncture morose dans le pays.