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Rétrofit: le vrai décollage pour la filière de conversion des véhicules thermiques à l'électrique?

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Un fonds de soutien à la filière rétrofit française vient d'être annoncé au Mondial de l'Auto. De quoi permettre aux différentes entreprises prêtes à transformer des véhicules thermiques en électrique à monter en puissance.

Avec le développement des ventes de voitures électriques neuves et d'occasion, le rétrofit représente une autre manière de décarboner le parc automobile. Plusieurs entreprises françaises se sont positionnées sur cette activité qui consiste à transformer un véhicule thermique en électrique.

L'intérêt principal: conserver un maximum d'éléments en ne remplaçant quasiment que la partie liée à la motorisation, et le réservoir de carburant par une batterie.

Accélérer l'industrialisation du rétrofit

Cette semaine, à l'occasion du Mondial de l'Auto, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, et le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, ont annoncé la création d'un fonds de 20 millions d'euros à destination des acteurs du rétrofit. L'objectif? Leur permettre d'accélérer leur développement pour industrialiser cette transformation des véhicules.

Un bon signal pour la filière rétrofit française, comme le confirme Antoine Desferet, cofondateur de Tolv (ex-Phoenix Mobility), une entreprise grenobloise spécialisée dans le rétrofit d'utilitaires:

"C'est une excellente nouvelle avec cette reconnaissance des pouvoirs publics de l'intérêt du rétrofit. Cela représente une nouvelle étape après l'homologation et les premières subventions, il faut maintenant des entreprises de taille plus importante et passer à l'échelle industrielle."

L'appel à projets sera lancé mi-novembre, l'occasion d'en savoir plus sur les entreprises qui recevront une partie de cette aide pour monter en puissance. Pour Tolv, elle tombe à pic:

"Nous allons livrer une première dizaine de véhicules à nos clients avant la fin de l'année, explique Antoine Desferet. Ensuite, l'idée c'est de multiplier par 10 notre production en 2023, pour atteindre 100 véhicules livrés, puis par encore 10 en 2024, soit 1000 véhicules."

Pour le moment, Tolv propose de convertir deux véhicules Renault, l'utilitaire léger Trafic, et le fourgon Master. Si la transformation des Trafic se fait sur le site de l'entreprise à Grenoble, le Master fait lui l'objet d'un partenariat annoncé en juillet dernier avec le groupe au losange. L'industrialisation se fera sur le site de Flins (Yvelines), que Renault transforme actuellement en Re-factory, et ce sera à Tolv d'assurer la commercialisation des véhicules, qui pourront réaliser leur entretien dans le réseau Pro+ du constructeur français.

Des scooters aux bus et poids lourds

Pour Aymeric Libeau, cofondateur de Transition-One, et invité de Tech&Co sur BFM Business cette semaine, ce fonds public de 20 millions d'euros va aussi permettre d'accélérer sur l'étape de l'homologation. Son entreprise veut transformer des petits véhicules particuliers (type Twingo ou Clio), mais reste pour le moment à l'étape des prototypes non-commercialisables. Son objectif: si le client vient avec son véhicule à transformer, un reste à charge après les primes d'Etat de 5000 euros.

"La réglementation nous impose que le véhicule ait plus de 5 ans, pour éviter la confrontation commerciale avec la garantie du constructeur, et derrière on peut convertir tous les modèles" (à partir du moment où cette transformation est homologuée), explique Aymeric Libeau, des deux roues aux poids lourds et bus.

Une diversité que connait bien Arnaud Pigounides, fondateur de REV Mobilities, et qui se félicite de ce "signal fort pour l’économie circulaire, la décarbonation des véhicules et pour l’emploi".

Il a ainsi décliné son offre en plusieurs marques comme Retrofuture, pour convertir à l'électrique des voitures anciennes, mais aussi REV Professional (pour les utilitaires et flottes REV Bus&Truck (pour les poids lourds et bus) et met aussi en avant la conversion des véhicules à l'hydrogène.

"Le rétrofit, c’est 66% de réduction de gaz à effet de serre (plus de 6 tonnes de CO2 en moins en moyenne, source Ademe) pour les véhicules particuliers et jusqu’à 87% pour les bus et les camions", rappelle-t-il dans un communiqué.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto