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Un sénateur relance la polémique sur l'obligation du port du casque à vélo

Le Sénat discutera le 13 janvier d'une mesure polémique: la port obligatoire du casque à vélo.

Le Sénat discutera le 13 janvier d'une mesure polémique: la port obligatoire du casque à vélo. - Dominique Faget - AFP

Le 13 janvier, le Sénat discutera d'une texte visant à rendre obligatoire le port du casque à vélo. Pour le député Guillaume Gouffier-Cha qui pilote la mission parlementaire sur l'industrie du vélo en France, l'enjeu n'est pas de créer des freins à la pratique, mais de "bâtir une filière économique".

Depuis 2019, la pratique du vélo ne cesse de s'accélérer, mais beaucoup reste encore à faire ont rappelé Françoise Rossignol, présidente du Club des villes et territoires cyclables et le député Guillaume Gouffier-Cha, nommé à la tête d'une mission parlementaire sur la création d'une filière économique. Il doit remettre son rapport dans la seconde quinzaine de janvier.

Mais entre temps, le Sénat discutera le 13 janvier d'une mesure polémique: la port obligatoire du casque actuellement seulement obligatoire pour les moins de 12 ans. Un texte a été déposé par le sénateur François Bonneau (groupe Union Centriste) voudrait l'imposer "aux cyclistes et aux usagers d'engins de déplacement personnel motorisé (EDPM), c'est-à-dire notamment les trottinettes électriques et autres gyroroues".

Le sénateur appuie sa démarche sur la protection des usagers. Dans son texte, il rappelle que "seuls 31 % des cyclistes le porteraient en 2020 d'après l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière. La proportion d'usagers d'EDPM propriétaires portant un casque est quant à elle estimée à 86 %, contre 9 % pour le libre-service. Or la mortalité cycliste a augmenté de 21 % depuis 2010, et le nombre de blessés en EDPM a augmenté de 40 % en un an : 62 % ne portaient pas de casque".

Pour les associations de cyclistes, c'est le retour d'un "faux débat" qui fera perdre du temps en discutant d'une "fausse bonne idée".

"La question de la sécurité est liée à la vitesse des véhicules et à la visibilité des cyclistes qui, s'ils sont encore plus nombreux, sont mieux protégés et certainement pas au casque qui est un frein à la pratique", a déclaré ce mardi Françoise Rossignol lors d'une conférence de presse en visio.

Pour le sénateur Jacques Fernique (groupe écologiste) et co-président du club des élus nationaux pour le vélo cette discussion est un non-sens. "On ne voudrait pas que cette disposition devienne réglementaires, imaginez qu'on saisisse un vélo ou une trottinette pour non-port du casque", s'insurge l'élu alsacien.

Ne pas freiner l'élan économique

Guillaume Gouffier-Cha ne compte pas aborder ce thème dans le rapport que lui a demandé le 1er ministre. Pour le député du Val-de-Marne, l'enjeu n'est pas de créer des freins à la pratique du vélo, mais de "bâtir non pas seulement une filière industrielle, mais une filière économique qui ne pourra se développer sans accélérer le mouvement initié par Edouard Philippe en 2018 avec le plan vélo.

"C'est bien plus large qu'une filière industrielle, ça regroupe les infrastructures, les services et les différents usages comme les déplacements, le sport et les loisirs. Il faut passer d'un budget global à un budget par habitant au niveau des autres pays d'Europe", explique Guillaume Gouffier-Cha.

Le député propose de passer d'un budget de 10 à 30 euros par habitants, soit un total de 500 millions d'euros. Pour rappel le plan vélo est de l'ordre de 50 millions d'euros.

"Ce mode de calcul découle du fait que le vélo est un moyen de transport à part entière, comme les infrastructures routières qui représentent 271 euros par habitant ou les transports en commun qui atteignent 473 euros. Le vélo ne représente que 1,3% des dépenses d'investissement dans le transport", signale Guillaume Gouffier-Cha qui remettra dans quelques jours au Premier ministre trois scénarios pour poursuivre le dynamisme de la filière

Un montant de 30 euros par habitant serait même dans la fourchette moyenne européenne. Au Royaume-Uni ou en Allemagne, le montant est de 24 euros par habitant. Il s'élève à 45 euros en Flandres (Belgique).

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco