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Carburants: pourquoi vous avez des difficultés à faire le plein ces derniers jours

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Tensions sur la chaîne d’approvisionnement, effet d’aubaine chez TotalEnergies... Les automobilistes ont des difficultés ces derniers jours pour faire le plein. Une situation qui "va rester compliquée" les prochains jours, selon certains spécialistes.

Ils faisaient la queue pour faire le plein. Mais en fin de matinée, la station-service TotalEnergies d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) a fermé et ces automobilistes ont dû rebrousser chemin. Un ou plusieurs carburants qui manquent à l’appel, des stations ouvertes au coup par coup... Difficile ces derniers jours de faire le plein, surtout dans les stations-service TotalEnergies.

Selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, "12% des stations à l’échelle du pays rencontrent des difficultés sur au moins un type de carburant, avec des variabilités, puisque dans la région Hauts-de-France, on atteint plus de 30% de stations qui peuvent rencontrer des difficultés".

Ces difficultés résultent avant tout "d'une difficulté logistique" due à plusieurs facteurs structurels et conjoncturels selon Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffages, interrogé ce mercredi sur BFMTV.

"Effet d'accordéon"

"Le marché français qui était alimenté avec un certain nombre de ressources dont le gazole russe, car c’est surtout le gazole qui est en tension, est évidemment moins alimenté et c’est un marché qui est assez tendu, explique Frédéric Plan. Or sur un marché tendu, il y a eu cette initiative bonne pour le consommateur de faire une remise gouvernementale de 30 centimes, là-dessus Total a surenchéri pour des raisons sur lesquelles on ne va pas revenir. Et cela fait un coup d’accordéon formidable".

Les automobilistes ont souvent attendu début septembre pour faire le plein en privilégiant les stations TotalEnergies pour bénéficier des prix les plus bas. "Comme tout le monde veut profiter de la remise, les réservoirs sont plus pleins que d’habitude et les gens font des compléments de plein là où ça n’existait pas avant. Donc cela fait une tension sur la logistique, il faut réapprovisionner", poursuit Frédéric Plan. Or ce besoin d'alimenter plus régulièrement et rapidement les stations ne semblent pas avoir été anticipé à sa juste valeur. TotalEnergies rappellait cependant ce lundi que "le réapprovisionnement de [nos] stations se poursuit".

"Une impression de pénurie"

Les difficultés pour faire notamment le plein du gazole pèsent notamment sur les professionnels, gros consommateurs de ce produit. Ce mercredi, le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand a alerté le gouvernement sur ces difficultés. "Les conducteurs rencontrent de plus en plus de difficultés à trouver des stations, parfois même dans des territoires très éloignés des dépôts", évoquant "des situations de pénurie ou de longue attente" dans les Hauts-de-France.

Malgré ces difficultés, les spécialistes se refusent à parler de pénurie.

"On est dans un cas d’école de pénurie autoréalisatrice, appuie Eric Leser, rédacteur en chef du magazine Transitions&Energies ce mercredi sur BFMTV.

"Comme tout le monde craint la pénurie, tout le monde va essayer de faire le plein le plus rapidement de sa voiture et créer la fameuse pénurie", résume-t-il.

"Ce qu’on peut voir actuellement sur ces stations-service un peu dévalisées, c’est une impression de pénurie mais ce n’est pas une pénurie, souligne Frédéric Plan. Il n’y a pas de pénurie parce que le produit existe quelque part, il faut arriver à l’acheminer".

Nouvelle ruée dans les stations fin octobre?

Un acheminement qui risque de rester selon lui compliqué dans les prochains jours. Avec deux autres inconnues: tout d’abord, la grève dans les raffineries. Depuis le 27 septembre se déroule en effet une grève dans plusieurs raffineries Total et Esso. "Pour l’instant, la grève dans les raffineries n’a pas limité la quantité de carburant disponible. Total et les autres pétroliers ont des réserves d’environ un mois, en plus ils importent des produits raffinés", poursuit Eric Leser.

Pour ce spécialiste, "ce n’est pas la quantité de carburant qui manque", c’est la possibilité d’alimenter suffisamment vite les stations-service. Mais l’Etat a selon lui tout intérêt à ce que le conflit ne dure pas.

La fin du mois d’octobre inquiète aussi les spécialistes. Au 1er novembre, la ristourne du gouvernement comme celle de TotalEnergies vont baisser. De 50 centimes, le cumul des deux remises passera à 20 centimes par litre.

"C’est pourquoi on peut redouter la dernière semaine du mois d’octobre où les gens vont vouloir anticiper cette baisse de remise", anticipe Frédéric Plan.

En plein pont de la Toussaint, la logistique pour livrer les stations à la vitesse où les cuves vont se vider et les réservoirs des automobilistes se remplir pourra-t-elle suivre?

Pauline Ducamp
https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web