"La boule au ventre": mobilisation des enseignants alsaciens pour dénoncer la hausse des violences

La violence monte dans les établissements de la région. À Illzach, à côté de Mulhouse, les professeurs du lycée professionnel Ettore-Bugatti étaient en grève, ce mercredi 18 décembre, après l’agression d’un professeur d’un enseignant par un élève.
Le 3 décembre dernier, un élève insulte et lance une chaise sur son professeur. Après un passage en conseil de discipline, ce dernier écope d’une exclusion avec sursis. Une sanction qui a provoqué l’ire du personnel de l’établissement qui a décidé de faire grève et de manifester afin de demander plus de soutien de la part de la direction du lycée.
"On est en manque de tout. Des enseignants viennent la boule au ventre, certains ont peur. Ce climat d’insécurité est grandissant", indique à BFM Alsace, David Ragni, professeur en mécanique automobile et coprésident du syndicat Action.
Les manifestants ont été reçus par le recteur de l’académie. Même s’ils assurent avoir été écoutés, les enseignants attendent qu’ils se rendent dans l’établissement au début du mois de janvier. Le préavis de grève doit durer jusqu’à ce vendredi 20 décembre.
"Il y a beaucoup d’incitation à la violence"
Dans le département voisin du Bas-Rhin, la situation n’est pas plus reluisante. À Haguenau, la montée de la violence dans les établissements scolaires gagne toujours plus de terrain.
La situation est telle que des parents d'élèves du collège Kléber ont incité les autres familles à ne pas envoyer leur enfant à l'école ce mercredi 18 décembre. Une journée "collège mort" pour dénoncer le climat violent qui règne sur l'établissement.
"Il y a beaucoup d’incitation à la violence via les réseaux sociaux avec des promesses de règlements de compte. Depuis la rentrée, la violence a décuplé", souligne auprès de BFM Alsace, Stéphanie Schroeder, éducatrice spécialisée.
Un constat partagé par d’autres professeurs du collège Kleber. "Quand on arrive ici, on se protège. J’ai dû parfois intervenir physiquement et j’ai vu les regards de haine et j’ai vu à quel point j’étais mise en danger", abonde Caroline Kraenner, professeure d’EPS.
Un constat général
Durant cette année 2024, la montée de la violence a été observée dans plusieurs établissements de la région. Une situation générale qui pousse les syndicats à tirer la sonnette d’alarme.
"On est face à une augmentation certaine de la violence et des incivilités", dénonce auprès de BFM Alsace, David Grisinelli. "Cette réalité de l'augmentation est partout. Les conditions de travail et de scolarité deviennent vraiment difficiles", ajoute-t-il.
Un phénomène qui touche désormais tous les types d’établissements, qu’ils soient huppés ou classés comme prioritaires. "C’est général, ça peut se passer dans une école maternelle ou dans des lycées prestigieux où on peut avoir de très bons élèves qui vont avoir des comportements inacceptables", conclut auprès de BFM Alsace, David Grisinelli.