Gouvernement Barnier: Patrick Hetzel, figure des Républicains, nommé ministre de l'Enseignement supérieur

Le député Les Republicains Patrick Hetzel lors des questions au gouvernement à l'Assemblée natioale le 8 juillet 2020 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Nommé ce samedi 21 septembre ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Patrick Hetzel est une figure discrète des Républicains, spécialiste des questions d'éducation et défenseur de positions conservatrices sur les sujets de bioéthique.
Âgé de 60 ans et député de la 7e circonscription du Bas-Rhin, ce père de deux enfants, agrégé de gestion, obtient pour la première fois un portefeuille ministériel, après avoir systématiquement siégé dans l'opposition depuis son arrivée à l'Assemblée nationale en 2012.
Au Palais Bourbon, il s'est distingué pour son investissement sur les questions d'éducation, proposant -sans succès- que les lycéens ou collégiens qui passent une année scolaire à l'étranger voient leur année comprise dans leur cursus, ferraillant contre les coupes dans le budget de la recherche, ou voyant dans l'instruction obligatoire à 3 ans une atteinte à la "liberté de choix des familles".
Un conservateur venu de la droite
La famille constitue l'un des autres axes de son engagement: défendant une vision traditionnelle, Patrick Hetzel a voté contre le mariage pour tous, contre la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules, ou encore contre la constitutionnalisation de l'IVG.
Pourfendeur du projet de loi sur la fin de vie présenté en avril, il s'apprêtait à batailler contre le texte, contribuant au dépôt de 549 amendements, avant que l'examen ne soit clôturé précocement par la dissolution.
Soutien de Barnier et Fillon
Malgré cette ligne conservatrice, il est régulièrement présenté comme un responsable politique "constructif", "à l'écoute", voire "humaniste" par ses adversaires.
Partisan d'une ligne droitière au sein des Républicains, il avait soutenu Michel Barnier et François Fillon lors des primaires en vue des élections présidentielles de 2017 et 2022.
C'est d'ailleurs avec ce dernier que la carrière de François Hetzel a pris un tournant politique: en 2005, François Fillon, ministre de l'Education nationale, le nomme recteur d'académie à Limoges.
À cette fonction, le Premier ministre Dominique de Villepin le charge de la rédaction d'un rapport visant à rapprocher l'université du monde du travail. Face aux "contraintes dans lesquelles sont enserrées les universités françaises", Patrick Hetzel préconise de renforcer leur autonomie.
Ancien directeur général pour l'enseignement supérieur
L'idée se concrétise après l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée: il intègre le cabinet de François Fillon à Matignon entre 2007 et 2008 comme conseiller pour l'Éducation nationale, l'enseignement supérieur et la recherche.
C'est à cette période qu'est négociée et votée la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (Loi LRU), qui doit renforcer leur indépendance.
En 2008, il devient directeur général pour l'enseignement supérieur, soit numéro deux du ministère alors conduit par Valérie Pécresse. Fils d'hôteliers-restaurateurs de Sarre-Union, en Alsace, Patrick Hetzel est élu en 2012 député du Bas-Rhin sous les couleurs de l'UMP - un "parachutage" dénonce à l'époque son opposant.
Patrick Hetzel ne manque pas une occasion de rappeler son attachement à l'Alsace: en 2014, il proteste contre la fusion avec la Champagne-Ardenne et la Lorraine. Il aime rappeler qu'il a grandi dans une famille qui parlait "exclusivement l'alsacien" et que c'est à l'école qu'il a appris le français.
Des syndicats inquiets de sa nomination
En réaction à sa nomination, des syndicats enseignants et étudiants se sont inquiétés de la nomination du député LR Patrick Hetzel comme ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, le qualifiant de "chantre de l'autonomie" des universités, doté d'une "conception très libérale".
"Ce n'est pas une bonne nouvelle pour nous", a réagi auprès de l'AFP Anne Roger, secrétaire générale du Snesup-FSU, premier syndicat de l'Enseignement supérieur. "C'est vraiment un chantre de l'autonomie" des universités, a-t-elle ajouté.
"Une barre à droite toute"
"Il était quand même à la manoeuvre au moment de la LRU (loi Liberté et responsabilités des universités d'août 2007, dite "loi Pécresse", qui a transformé la gouvernance des universités en leur conférant plus d'autonomie, NDLR). Donc c'est lui qui a lancé l'autonomie des universités avec Valérie Pécresse".
"Son projet, c'est de parachever l'autonomie", a-t-elle poursuivi. "Le fait qu'il soit nommé ministre de l'Enseignement supérieur, pour nous, c'est vraiment le signal qu'il y a une barre à droite toute". "C'est une conception très libérale de l'enseignement supérieur", a-t-elle souligné.