"C'est bon à prendre": pourquoi le 26 décembre demeure un jour férié en Alsace et en Moselle

Noël est à peine passé que l'Alsace et la Moselle vivent actuellement une nouvelle journée fériée à l'occasion de la Saint-Étienne, premier martyr de la chrétienté.
Cette tradition a été mise en place alors que l'Alsace et la Moselle étaient sous contrôle de l'Empire allemand en 1892. Elle s'appliquait aussi partout ailleurs en France, jusqu'à la loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905.
Une exception qui perdure
Celle-ci a mis fin au Concordat qui liait la France et l'Église pendant près d'un siècle (1802). Mais la loi de 1905 ne s'est pas appliquée en Alsace et en Moselle, puisque les deux territoires sont redevenus français seulement quatorze ans plus tard, à la fin de la Première Guerre mondiale. Ces derniers sont donc restés régis par le régime du Concordat, jamais remis en cause depuis.
Une spécificité à laquelle tiennent les habitants d'Alsace-Moselle. "On a ce fameux remboursement à 90% par la Sécurité sociale, on a de meilleures lois par rapport à ce qui est foncier, au droit de chasse... C'est tout cela qu'on veut garder, pas juste le jour férié!", assure Maxime Laravine, guide à Strasbourg.
En plus de la Saint-Étienne, les Alsaciens et les Mosellans bénéficient d'un autre jour férié supplémentaire: le Vendredi saint, qui précède le dimanche de Pâques.
La plupart d'entre eux sont attachés à cette exception, même si elle ne facilite pas le quotidien. "Pour les banques, lundi et mardi férié, c'est un peu... Même là, on veut manger, il y a pas grand chose d'ouvert. Trois jours avec le dimanche, ça fait un peu long", estime une Strasbourgeoise.
Se reposer ou vivre une journée de travail intensive
Pour d'autres, c'est un jour de repos entre les fêtes qui fait du bien: "Tous les jours fériés sont bons à prendre, on va pas se plaindre de travailler un jour en moins", s'amusent deux riverains strasbourgeois.
De nombreux commerçants, malgré une période propice aux ventes, préfèrent respecter les traditions. C'est le cas de Jean-Louis Metz, patron de la boutique La Boîte à bougies à Strasbourg. "C'est la coutume. Depuis toujours on ferme le 26. Je pense que les gens ont bien dépensé ce qu'il faut avant le 25, donc ils peuvent un peu se refaire une santé", avance-t-il.
Ces fermetures dépendent aussi du domaine d'activité: certains restaurateurs comptent bien profiter des congés des Alsaciens et des Mosellans pour les accueillir, à l'image de Donato Tutino, responsable du restaurant Le Purgatoire. "Les gens sortent plus le 26 décembre puisqu'ils étaient deux jours à la maison (...). Le soir c'est plein, c'est une grosse journée", se satisfait-il.