Sécheresse dans le Var: le niveau du Caramy toujours alarmant malgré la fin des restrictions

Les Varois ne l'ont pas oublié. La sécheresse a durement touché leur département cet été. Températures anormalement élevées, déficit de pluviométrie criant: ces conditions météorologiques, témoignant d'un changement climatique, ont eu un impact direct sur les villages et sur les productions agricoles.
Ce n'est que le 15 décembre que le préfet du Var a mis fin aux restrictions d'eau liées à la sécheresse dans le département. Le tout en rappelant que "la ressource demeure vulnérable" et que "chacun est appelé à une gestion économe". Et pour cause, en ce mois de janvier marqué par des conditions météorologiques particulièrement douces, le niveau de certains cours d'eau reste particulièrement alarmant.
Le Caramy serpente sur presque 50 kilomètres entre Carcès et Mazaugues via la commune de Brignoles. Par endroits, la mousse s'est collée sur la face émergée des rochers, signe d'un manque d'eau dans la rivière.
"Comparable au printemps"
Robert et Éric Durant, respectivement président et membre du Club spéléologique méditerranéen, l'ont prouvé scientifiquement. Pour mesurer avec précision le débit de la rivière, ils ont d'abord positionné un appareil sous l'eau. Puis, ils ont dissous 200 grammes de sel de cuisine dans un sceau rempli.
"L'appareil qu'a placé Éric a mesuré la conductivité, c'est-à-dire la teneur en sel normale que contenait le Caramy, tente d'expliquer Robert au micro de BFM Toulon Var. Du fait qu'on injecte 200 grammes de sel de cuisine, ça va permettre d'avoir le débit du Caramy par différence."
Ils ont ensuite versé de la fluorescéine, un produit naturel vert fluo, dans leur sceau et l'ont versé dans la rivière pour faire apparaître l'apanage de sel dans l'eau.

Ils ont enfin pris des mesures. Le résultat de l'expérience est édifiant. "Je constate que le débit au pont romain est de 47,94 litres par seconde, alors qu'il devrait être à la même époque de 500 litres par seconde, expose Éric. Ce débit d'eau est comparable au printemps."

"C'est un sujet sur lequel on doit se pencher"
De l'avis des spéléologues, une solution est envisageable pour faire grimper le niveau du Caramy: pomper une réserve de sept millions de mètres cubes d'eau située dans l'ancienne mine de Mazaugues.
Frédéric Boccaletti, député Rassemblement national (RN) de la 7e circonscription du Var, estime que cette possibilité mérite d'être creusée.
"J'ai fait un courrier au mois de décembre à Renaud Muselier (le président de la Région, ndlr). J'ai évoqué le sujet avec lui à la fin décembre. C'est un sujet sur lequel ils vont se pencher. Il faut que la Région soit porteuse d'une étude neutre et que toute la transparence soit faite", affirme l'élu à BFM Toulon Var.
Une opération estimée à 100.000 euros
L'étude en question doit selon lui, offrir une réponse à différentes questions: "Est-ce qu'il y a plusieurs millions de mètres cubes d'eau présents dans les mines de Mazaugues? Est-ce qu'il est possible de les extraire? Est-ce qu'elle est potable?"
"Si on remplit ces trois critères, évidemment, il faut que la Région mette tous les moyens pour qu'on puisse extraire cette eau et la renvoyer pour que les Varois puissent en bénéficier", juge Frédéric Boccaletti.
Le prix de l'opération de pompage est estimé à près de 100.000 euros.