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Vous avez moins de 30 ans et vous êtes en couple grâce à une appli de rencontre? Vous êtes une exception

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(Photo d'illustration) - Pexels

Les applications sont désormais "un mode de rencontre important" pour les 18-29 ans "sans être le plus courant", selon une vaste enquête publiée ce mercredi. Elles restent cependant privilégiées pour des relations plus éphémères, comme l'explique à BFMTV.com l'une des autrices de l'étude.

Sur les bancs de l'université, à la machine à café ou en boîte de nuit... Les jeunes générations se rencontrent encore majoritairement dans les lieux "physiques", selon une vaste étude de l'Ined publiée ce mercredi 19 juin. Exit donc l'idée selon laquelle tout se passerait désormais en ligne.

Parmi les 18-29 ans ayant été en couple au cours de l'année précédente, seuls 11% ont rencontré leur partenaire via les applications de rencontre, d'après cette enquête réalisée auprès de 10.000 jeunes.

C'est beaucoup moins que le lieu d’étude ou de travail qui reste "un espace de rencontre majeur" pour les jeunes. Parmi ceux qui ont connu une relation conjugale dans les 12 derniers mois, 34 % y ont rencontré leur partenaire.

Les lieux de rencontre: études, bars et applications selon l'étude de l'Ined publié ce mercredi 19 juin 2024
Les lieux de rencontre: études, bars et applications selon l'étude de l'Ined publié ce mercredi 19 juin 2024 © Ined

"Les applications de rencontres sont devenues un mode de rencontre important sans être le plus courant, contrairement à ce que suggèrent certains discours médiatiques", explique l'étude.

D'autres opportunités de rencontres

Ce résultat peut paraître contre-intuitif tant les applications de rencontre sont rentrées dans les usages. Selon l'autrice de l'étude Marie Bergström, contactée par BFMTV.com, ce sont plutôt les générations plus âgées qui y nouent des relations sérieuses. Elle y voit deux explications.

Tout d'abord, les jeunes ont souvent de nombreuses occasions de rencontrer du monde. "Lorsqu'on a entre 18 et 29 ans, il y a beaucoup d'opportunités de rencontre", détaille Marie Bergström.

"Il y a les études, les sorties. Les jeunes ont souvent plusieurs jobs avant de trouver un emploi stable...: c'est un âge où on a des cercles sociaux assez larges. Les applications sont un lieu parmi d’autres."

Des opportunités qui se réduisent à mesure qu'on monte dans les âges. "Après une séparation, ceux qui ont 40 ou 50 ans vont de plus en plus rencontrer leur conjoint par internet."

Moins "romantique"

Deuxième explication pour la chercheuse: l'image des applications de rencontre, qui sont associées à des rencontres plus éphémères dans l'imaginaire des jeunes.

"Ils considèrent toujours que rencontrer son conjoint par des amis, pendant les études ou au travail est plus romantique, plus désirable."

"Cette idée peut créer des formes de prophéties autoréalisatrices: certains se disent 'de toute façon il n'y aura rien de sérieux', et donc ne s'investissent pas dans les relations nouées", poursuit-elle.

Ainsi, les jeunes vont y engager des relations plus éphémères. 21% des histoires d'un soir ont eu lieu par ce biais. "Réunissant de nombreux jeunes et autorisant une certaine discrétion, ces plateformes sont fortement associées – dans les esprits comme dans les faits – aux rencontres 'sans lendemain', sans pour autant s'y limiter", selon l'étude.

Ne pas se recroiser

Les applications et les lieux publics (bar, boites de nuit, commerces...) sont des espaces de rencontre privilégiés pour les coups d'un soir. En effet, ils permettent de sortir de son cercle de sociabilité et donc de ne pas forcément recroiser la personne par la suite.

Précision importante: sortir de son cercle ne veut pas dire s'extraire de son milieu social. "Y compris sur les applications, on a tendance à trouver attirantes ou belles des personnes qui nous ressemblent socialement, c'est ce qu'on appelle l'homogamie", ajoute Marie Bergström.

Entre le couple et le "coup d'un soir", les relations suivies sont, elles, dans une position intermédiaire: 16% des répondants ont rencontré leur "sexfriend", leur "plan cul régulier" via une application.

Selon une précédente étude de l'Ined, publiée en 2016, 29% des 26-30 ans avait déjà utilisé un site de rencontre. L'organisme expliquait alors que "si les sites de rencontres attirent un public nombreux, ils participent encore peu à la formation des couples". Un constat qui ne semble pas démenti en 2024.

Marine Cardot