"Une boussole de l'impact environnemental": cette start-up "low-tech" veut lancer le "Nutriscore" des technologies plus vertes

Pour les visionnaires et utopistes, il y a le mouvement solarpunk, pour les autres, il y a la "low tech". C'est ce concept que la start-up française Lowreka veut démocratiser et qui consiste à consommer autrement, avec une vision "plus sobre" de l'innovation.
A l'heure où l'intelligence artificielle et les innovations technologiques consomment toujours plus de ressources, la jeune entreprise veut créer un "Lowreka-score" en se basant sur les travaux effectués avec le Nutriscore, qui permet de noter sur une échelle de A à E, les aliments et plats préparés.
"Démocratiser les technologies douces"
"On veut construire une boussole de l'impact environnemental," explique à Tech&Co Thomas Beaufils, co-fondateur de Lowreka, qui vient de lancer une campagne Ulule afin de lever des fonds permettant sa création.
Avec un score clairement visible sur les appareils, ce score veut "démocratiser les technologies douces", autrement dit celles qui peuvent permettre une meilleure réparabilité et ayant une durée de vie plus conséquente que d'autres. "On veut prouver que l'innovation, ce n'est pas toujours faire plus, mais ça peut aussi être plus efficace, moins énergivore, avec moins de matériaux mais avec des usages hyper variés et originaux."
Au coeur de la campagne Ulule, une volonté de "vulgariser" un concept, "d'aller parler au grand public."
Pour Thomas Beaufils, il ne s'agit pas de "donner des leçons": "On ne peut pas aller voir les gens et leur dire qu'ils ne peuvent plus consommer."
Un Nutriscore pour la tech
Cette campagne est pour Lowreka, qui est déjà active depuis quelques années dans la vente de produits "low tech", un moyen de continuer à grossir: "On essaye de construire une communauté, de fédérer des gens," explique-t-il.
Mais la tendance de la "low tech" est jeune, elle doit donc encore trouver des appuis politiques et médiatiques: "La low tech, ce n'est pas tellement des technologies ou des objets, c'est surtout une démarche qui va se fixer autour de trois piliers, l'utilité, la durabilité et l'accessibilité."
Thomas Beaufils et les autres créateurs de Lowreka sont partis d'un constat simple: "Est-ce que j'ai besoin d'acheter ce que j'utilise? Il faut se questionner d'un point de vue économique et écologique. C'est mieux que de dire 'il ne faut pas le faire'."
Le principe du "Lowreka-score" se veut simple: trois types de critères (utile, durable, accessible) avec une notation de A à G pour chacun d'eux.

"Est-ce que ça a vocation à mettre tout le monde d'accord? Sans doute pas, mais j'ai tendance à dire que s'il y a des gens qui s'y opposent, c'est qu'on sera arrivé jusqu'à leurs oreilles, ce qui est déjà bon signe," affirme malicieusement Thomas Beaufils. "On est plus là pour permettre aux gens de prendre des décisions."
Ne pas "braquer" les consommateurs
Si le Nutriscore a réussi à s'imposer dans les discours politiques, même s'il n'est pas obligatoire, le Lowreka-score doit encore trouver des appuis au plus haut sommet de l'Etat: "On est déjà en contact avec l'Ademe (l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). C'est d'autant plus important comme démarche qu'à l'heure où les gens ont du mal à finir les fins de mois, cela pourrait permettre de réaliser des économies importantes."
Pour Thomas Beaufils, il est toutefois difficile de parler d'écologie aujourd'hui: "Ca arrange que le sujet braque. Il y a aussi beaucoup d'entreprises qui ne font pas grand chose, et qui veulent que l'on continue à consommer. Nous, de notre côté, on veut montrer que des technologies plus bienveillantes écologiquement peuvent s'imposer dans notre quotidien."
Cet ancien du milieu de la tech, qui a radicalement changé de vie au début des années 2020, veut aujourd'hui non pas "arrêter de consommer", mais bien "conscientiser" ceux qui peuvent faire le choix d'acheter un nouveau smartphone chaque année, en poussant également les industriels vers des solutions plus durables: "Il faut montrer qu'il est facile de changer ses habitudes, et qu'il est aussi possible de s'adapter en fonction de son profil et des contextes de chacun."