Le gouvernement américain entend accéder au contenu d'appels passés sur Messenger

Facebook refuse de renoncer au chiffrement de Messenger. - TED ALJIBE / AFP
Un nouveau bras de fer s’engage entre le gouvernement américain et l’un des grands noms des nouvelles technologies. Dans le cadre d'une enquête sur un gang de trafiquants de drogue présumés, les autorités américaines veulent forcer Facebook à briser le chiffrement des appels vocaux de sa messagerie, rapportait Reuters ce 17 août.
Sur Messenger, le chiffrement protège depuis 2016 le contenu des appels de "bout en bout". Le contenu des conversations n'est ainsi strictement accessible que par ses participants, et reste hors de portée de Facebook. Les messages échangés sur l'application ne bénéficient par ailleurs pas du même traitement. Analysés et déchiffrés par des services publicitaires, ils peuvent, eux, être fournis aux autorités américaines, sur requête de leur part.
Une procédure à huis clos
La demande des autorités américaines porte sur les futurs appels passés par les différents membres du gang identifié. Reçue positivement, elle reviendrait à les placer sur écoute. Facebook a néanmoins refusé de se plier à leur injonction, d'après plusieurs sources contactées par Reuters.
Une procédure judiciaire, secrète car sous scellés, s'est ainsi déroulée à huis clos devant une cour fédérale californienne. Facebook invoque l'impossibilité d'accéder aux appels chiffrés de bout en bout pour justifier son refus de coopérer. Le réseau social estime également que la demande du ministère de la Justice nécessiterait de modifier le code de l'application Messenger, et de mettre en danger la vie privée de son 1,3 milliard d'utilisateurs.
Un débat renouvelé
La confrontation entre les autorités américaines et Facebook ravive l'un des débats les plus clivants du secteur des nouvelles technologies. Sécurité ou respect de la vie privée? La question oppose bien souvent les autorités et les grandes entreprises. En 2016 déjà, au lendemain de la tuerie de San Bernardino, les autorités américaines avaient réclamé de la part d’Apple d’accéder au contenu chiffré de l’iPhone de l’un des tueurs. Malgré le refus de l'entreprise, les données archivées sur l'appareil avaient finalement pu être récupérées.
Fin mars 2017, après l'attentat au Parlement de Londres, la ministre de l'Intérieur britannique Amber Rudd avait jugé "totalement inacceptable" que des communications entre suspects d'actes terroristes puissent échapper aux services de renseignement en raison de leur chiffrement. WhatsApp, propriété de Facebook, ou encore Signal, comptent également parmi les fervents adeptes de cette technologie.