Homosexualité, Donald Trump: sur Tik Tok, une modération à géométrie variable

Tik Tok - BFMTV.com
Pour plaire au plus grand nombre, mieux vaut éviter les sujets conflictuels. Tik Tok, l’application chinoise utilisée par 500 millions de personnes pour créer de courtes vidéos humoristiques ou de “lip sync” (playback), l’a bien compris. Une enquête du quotidien britannique The Guardian révèle que Bytedance, propriétaire de l’application, adapte sa politique de modération en fonction des zones géographiques.
En Chine, les vidéos relatives aux manifestations de la place Tian’anemen, qui se sont déroulées en 1989 à Pékin, ou encore celles critiquant la politique mise en place par l’Etat chinois sont par exemple interdites. L'application a également été accusée de censurer les images des manifestations à Hong Kong.
Une modération à l'échelle locale
Tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. En Turquie par exemple, il est interdit de mentionner sur TikTok des idées religieuses non musulmanes, de montrer des images de personnes homosexuelles se tenant la main ou encore de se filmer en train de boire de l’alcool. Pourtant, rien de tout cela n’est illégal dans le pays.
The Guardian affirme également que Bytedance a dressé une liste de 20 personnalités “sensibles” dont il est interdit de parler, comme Donald Trump, Shinzo Abe ou Vladimir Poutine. Le président chinois Xi Jinping n’en fait pas partie.
TikTok assure avoir changé sa politique de modération.
"Dans les premiers temps de TikTok, nous avons adopté une position afin de minimiser les conflits sur la plateforme et à cette période, nos règles de modération permettaient de supprimer les contenus qui pouvaient mettre en avant des conflits sectaires ou entre groupes de populations, partout dans le monde. Depuis, TikTok s'est étendu sur de nombreux marchés et nous reconnaissons aujourd'hui que cette approche était inadaptée", indique un porte-parole de TikTok à BFM Tech.
"C'est pourquoi, nous avons décidé d'impliquer les équipes désormais présentes en local, qui elles, ont une parfaite compréhension des spécificités de leur marché."
L'entreprise ajoute que les règles évoquées par le Guardian "ne sont plus appliquées", mais ne précise pas en quoi la modération locale diffère d'une politique internationale. Un comité indépendant composé d'experts et d'organisations sera bientôt créé afin de perfectionner les règles en vigueur.
Quoi qu'il en soit, la sévère politique de modération mise en place par la plateforme lui permet de se conformer à l’image qu'elle souhaite renvoyer: un réseau social sain et un “espace de créativité et d’expression" où sont privilégiés les contenus "positifs et joyeux".