"Guillotine digitale": des internautes s'attaquent aux influenceurs jugés trop riches

Depuis l'organisation du fastueux Met Gala 2024, des voix s'élèvent contre le décalage entre la richesse des influenceurs et la pauvreté de leurs abonnés.

En lançant une version anglaise d'une phrase faussement attribuée à Marie-Antoinette ("Qu'ils mangent de la brioche") sur le tapis rouge du Met Gala 2024 qui a eu lieu le 6 mai dernier, la mannequin Haley Kalil ne pensait probablement pas provoquer un raz de marée contre les influenceurs.

La "guillotine" pour les influenceurs?

La jeune femme de 31 ans, qui pense faire un bon mot auprès de ses six millions d'abonnés sur Instagram et ses dix millions sur Tiktok, est filmée alors qu'elle porte une robe à plusieurs milliers d'euros, le tout, au Met Gala, où une table se négocie aux alentours de 75.000 dollars. Un trait d'humour qui ne passe pas, puisqu'elle a lancé - bien malgré elle - un mouvement baptisé la "guillotine digitale" ou "digitine" en anglais, consistant à bloquer les influenceurs jugés trop déconnectés de la réalité.

Sur Tiktok, Instagram ou encore X (anciennement Twitter), les internautes s'attaquent ainsi aux influenceurs qui n'hésitent pas à montrer fièrement l'argent gagné essentiellement grace à leurs abonnés, sans se soucier véritablement de la déconnexion inévitable qu'ils créent. Un constat partagé par Adonaicaimmoloch sur son compte Tiktok, et vu plusieurs millions de fois, qui invite à bloquer toutes les célébrités qui se sont rendues au Met Gala cette année.

"C'est vraiment un débalage d'argent," réagit de son côté Juliettefeverr, dans une vidéo vue 1,5 million de fois, "elle dit qu'elle n'est pas vraiment privilégiée mais ne se rend pas compte qu'elle l'est."

Le prix de la place à l'événement fait en effet beaucoup réagir, tout comme les excentricités de sa très mondaine patronne, la rédactrice en chef de Vogue, Anna Wintour, sont jugées en décalage avec à la fois la guerre en Ukraine et avec les bombardements subis par Gaza de la part d'Israël.

De là, un grand mouvement de contestation est né, celui de la "guillotine digitale", à ne pas confondre avec le hashtag #Blockout2024, qui concerne quant à lui essentiellement le conflit israélo-palestinien, mais qui fonctionne sur le même principe - bloquer des personnalités pour les pousser à réagir.

Depuis, Haley Kalil a néanmoins tenu à réagir, expliquant ne pas avoir été invitée au Met gala, mais avoir été présentatrice de la soirée, tout en s'excusant d'avoir pu choquer des gens. Rappelons également que les fonds récoltés grâce au Met Gala permettent de financer le Cotume Institude, le département de la mode de l'un des plus grands musées d'arts des Etats-Unis.

Sylvain Trinel