Tech&Co
Vie numérique

Amiens: des locataires se battent contre l'installation de 45 caméras de surveillance dans leur immeuble

Image d'illustration

Image d'illustration - Sous licence Creative Commons CCO

Le vaste système de vidéoprotection constitue selon les Amiénois une "atteinte à la vie privée". Mais le bailleur social serait dans son bon droit.

La résistance s’organise. Les locataires du 223 rue de Cottenchy à Amiens en appellent au gendarme des données personnelles français, la Commission nationale de l'informatique et des libertés de France (CNIL), pour protester contre l’installation de 45 caméras de surveillance dans leur résidence, raconte le Courrier Picard. La CNIL a confirmé à BFM Tech qu'une plainte a bien été enregistrée et est actuellement en cours d'instruction. 

Les habitants de l’immeuble qui compte 66 logements ont fondé un collectif baptisé “Locataires libres, indépendants et responsables (LLIR). Selon eux, l’installation de ce réseau de caméras constitue une “atteinte à la vie privée”. Mais le bailleur social, la Société immobilière picarde (SIP), assure qu’il n’en est rien. 

“Son déploiement (le réseau de caméras de surveillance, ndlr) n’a d’autre objectif que de permettre aux habitants de se sentir en sécurité comme cela est le cas dans d’autres secteurs où nous l’avons déployé. Cela sans jamais enfreindre le respect de la vie privée dans la mesure où les images des caméras orientées sur leurs logements seront toutes floutées.", a expliqué la SIP au Courrier Picard.

Est-ce légal? 

La CNIL impose plusieurs règles à suivre pour l’installation de la vidéoprotection dans les immeubles d'habitation. Ce dispositif doit être lié à un objectif de “sécurité des biens et des personnes” et non pas de surveillance des habitants. Une directive qui semble être respectée pour l’immeuble d’Amiens. Le bailleur social affirme que cette solution a été prise à la suite "d'actes d’incivilités et de dégradations dont se plaignaient les locataires eux-mêmes".

Toujours selon la CNIL, les caméras ne “doivent pas filmer les portes des appartements ni les balcons, terrasses ou fenêtres des appartements”. Là encore, tout semble en règle. Et la durée de conservation des images ne devrait pas excéder un mois. Contactée, la SIP n’a pour l’instant pas réagi sur ce point. 

Arrêt temporaire des travaux d'installation 

Peu de chance donc que les résidents du 223 rue de Cottenchy obtiennent gain de cause. Mais les Amiénois déplorent surtout que le bailleur social investisse dans la vidéosurveillance plutôt que dans les travaux de réhabilitation des résidences construites dans les années 60.

“Avec la saleté et les mauvaises odeurs, les parasites et les nuisibles ont fini par envahir les parties communes et nos appartements sont infestés de blattes. On n’ose même plus inviter des gens", explique une habitante au journal local. 

Ils ont tout de même gagné une bataille: le report de l’installation des caméras qui devait se faire ce lundi 7 octobre.

"Nous allons envoyer un courrier aux locataires et au collectif pour leur proposer un rendez-vous d'ici 10 jours. Le nombre de caméras sera certainement réduit, cela fera partie des choses dont nous allons discuter. Mais le projet n'a pas vocation à être annulé car nous essayons simplement d'améliorer leur quotidien et d'éviter les dégradations", a précisé la Société immobilière picarde à BFM Tech.
https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech