Israël-Hamas: les comptes Twitter "certifiés" sont des "super-propagateurs" de désinformation

Une nouvelle preuve des dégâts causés par Elon Musk? Sur Twitter (rebaptisé X), les abonnés à la formule payante X Premium sont des "super-propagateurs" de désinformation autour du conflit entre Israël et le Hamas, selon des chiffres compilés par l'entreprise Newsguard.
D'après l'entreprise, qui étudie la diffusion des fausses informations, "74% des affirmations fausses ou sans fondement les plus virales liées à la guerre Israël-Hamas" sont le fait des abonnés X Premium.
Pour obtenir ces chiffres, Newsguard explique avoir d'abord identifié 10 "récits faux ou sans fondement parmi les plus populaires en rapport avec la guerre". Parmi eux, "L’attaque terroriste du Hamas était une opération 'sous faux drapeau'” menée par Israël ou l’Occident", "L’Ukraine a vendu des armes au Hamas", ou encore "les États-Unis ont débloqué 8 milliards de dollars d’aide militaire à Israël".
"Une aubaine pour les acteurs malveillants"
Puis l'organisation a "analysé les 250 publications ayant suscité le plus d’engagement" sur la plate-forme relayant un ou plusieurs de ces récits, sur la première semaine du conflit (entre le 7 et le 14 octobre). Des publications vues "plus de 100 millions de fois au total en une semaine seulement", note Newsguard.
"186 des 250 publications – soit 74% – ont été partagés par des comptes 'certifiés' par X", selon Newsguard.
Ces fausses informations sont amplifiées par le fonctionnement même de cet abonnement: la formule payante introduite par Elon Musk permet d'augmenter la visibilité de ses publications, peu importe leur qualité ou leur véracité.
À nombre d'abonnés égal, un abonné X Premium sera donc plus visible. "Cette décision s’est révélée une aubaine pour les acteurs malveillants partageant de la mésinformation sur la guerre entre Israël et le Hamas", note Newsguard.
Cette formule a également supprimé la vérification d'identité. Aujourd'hui, n'importe qui peut donc obtenir le badge bleu auparavant réservé à des institutions ou des personnalités reconnues et considérées comme fiables.
"Pour un coût inférieur à celui d’un ticket de cinéma, ils bénéficient de la crédibilité associée à la coche bleue, prestigieuse sous l’ancien système, et peuvent atteindre une audience plus large sur la plateforme", déplore Newsguard.
Newsguard pointe enfin la responsabilité de certains comptes particulièrement suivis. Parmi eux, @Sprinter99800 (plus de 361.000 abonnés), banni en 2022 mais restauré par Elon Musk, Laura Loomer (une ancienne journaliste conservatrice américaine), ou encore @ShadowofEzra, un compte ayant partagé des théories proches du mouvement complotiste QAnon.
Twitter visé par une enquête de l'UE
Elon Musk met bien en avant le développement des Notes de la communauté, qui permettent aux utilisateurs d'ajouter aux publications du contexte ou des précisions. Mais cet outil n'est pas assez efficace, selon Newsguard: "seuls 79 publications sur les 250 ayant relayé de la mésinformation sur la guerre présentaient une note de la communauté". Certaines sont même parfois erronées.
Twitter est justement sous le coup d'une enquête de l'Union européenne pour son rôle dans la diffusion de fausses informations sur le conflit entre Israël et le Hamas, au même titre que Meta et Tiktok. Après son rachat de Twitter, Elon Musk a licencié à tour de bras, notamment dans les équipes de modération.