TOUT COMPRENDRE – A quoi va servir "l'identité numérique" européenne?

L'Europe veut accélérer sur la dématérialisation. Alors que le pass sanitaire va être mis en place le 1er juillet à travers les 27 Etats membres, la Commission veut profiter de la fin de la pandémie pour lancer les travaux sur un dispositif d'identité numérique, associé à un portefeuille virtuel, ultra-sécurisé.
• Qu'est-ce qu'une identité numérique?
Concrètement, il s'agit d'une version dématérialisée des informations que l'on retrouve sur sa carte d'identité ou son passeport. Nom, nationalité, âge… tout serait récapitulé dans une application disponible sur son mobile. En pratique, de nombreuses plateformes commerciales créent des identités numériques lors de l'inscription des utilisateurs pour permettre d'accéder plus facilement et rapidement à leurs services.
En France, il existe depuis 2016 un dispositif qui s'en rapproche : FranceConnect permet ainsi de se connecter facilement à son compte Ameli (Assurance maladie), aux impôts ou encore aux services de La Poste grâce à une identification unique. La nouvelle carte nationale d’identité électronique (CNIe), déployée cette année, sera dotée d'un QR code qui récapitule numérique les informations.
• Pourquoi une identité numérique européenne?
Le projet présenté ce jeudi par la Commission européenne est une réponse à l'éternel manque de cohésion au sein de l'Union européenne. 14 pays de l'UE proposent déjà des systèmes d'identification électronique mais leur taux d'utilisation reste marginal et certains services ne sont pas compatibles entre eux, ce qui en limite fortement leur utilisation.
• Concrètement, à quoi cette identité européenne va servir?
L'Europe veut, en réalité, proposer une application hybride qui permet de prouver son identité, mais aussi de conserver ses documents non dématérialisés ou ses moyens de paiement. L'idée est de faciliter la vie des Européens qui voyagent en Europe ou s'installent dans un pays voisin. Par exemple, pour louer un véhicule, l'application pourra transmettre la carte d'identité, le permis de conduire et la carte de crédit au loueur sans passer par le comptoir. Le système européen permettra aussi à un étranger (européen) de traverser sans trop d'encombres les démarches administratives (inscriptions à l'université, ouverture d'un compte en banque….) lors de son installation dans un autre pays. Enfin, la Commission promet un contrôle total sur les informations. Par exemple, il sera possible de prouver son âge (pour acheter de l'alcool, par exemple) sans pour autant donner sa carte d'identité et donc sans révéler les autres informations personnelles.
• Ce portefeuille numérique sera-t-il suffisamment sûr?
C'est en tout cas la promesse de la Commission, qui insiste aussi sur la maîtrise des données. "Les portefeuilles européens d'identité numérique permettront aux citoyens de déterminer quels éléments de leur d'identité, de leurs données et de leurs certificats ils partagent avec des tiers, et de garder la trace de ce partage" promet Bruxelles. Car ce dispositif est une nouvelle initiative pour réduire le poids des GAFA, comme Google et Apple qui proposent déjà des portefeuilles virtuels, moyennant l'exploitation commerciale de vos données. En revanche, la Commission ne précise pas s'il sera possible de payer directement avec cette fameuse application comme le permet la concurrence privée.
• Ce dispositif sera-t-il obligatoire?
Non. L'idée de l'UE est de pouvoir mettre à disposition des Européens un outil commun et fiable. Les entreprises privées ne seront d'ailleurs pas contraintes à jouer le jeu. Mais "tous les prestataires de services privés ont intérêt, en raison de ses caractéristiques de sécurité, à l'accepter pour les services qui nécessitent une authentification renforcée, ce qui créera de nouveaux débouchés commerciaux" souligne la Commission.
• Quand cette identité numérique sera-t-elle disponible?
Il faudra encore attendre un peu. La Commission souhaite que les Etats mettent en place une "boîte à outils commune d'ici à septembre 2022, qui comprendra "l'architecture technique, des normes et des lignes directrices relatives aux bonnes pratiques."