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Une enquête démontre que Tiktok "pousse activement les mineurs" vers des contenus pornographiques

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Selon une enquête de Global Witness, l'algorithme de Titkok oriente les mineurs vers des contenus sexuellement explicites et pornographiques. Pour contourner la modération, les internautes camouflent ces clips dans des vidéos anodines.

Tiktok encore dans la tourmente. Selon une nouvelle enquête de l'ONG Global Witness, l'application de vidéos courtes redirigerait les jeunes utilisateurs vers des contenus sexuellement explicites et pornographiques en quelques clics.

Dans le cadre de l'enquête publiée le 3 octobre dernier, relayée par le Guardian, l'organisme à but non lucratif a créé sept nouveaux profils sur des téléphones sans historique de recherche en utilisant la date de naissance d'enfants de 13 ans, l'âge minimum pour s'inscrire sur la plateforme. Le mode restreint, qui limite l'exposition au contenu sexuellement suggestif, a également été activé.

Du contenu pornographique dès le premier clic

Pourtant, les chercheurs n'ont même pas eu besoin de chercher les contenus pornographiques eux-mêmes. Dès qu'ils ouvraient la barre de recherche, Tiktok leur suggérait des termes "hautement sexualisés" dans la section "Vous aimerez peut-être". Les termes suggérés comprenaient les expressions "tenues légères très très grossières", "filles très grossières" ou encore "clip hardcore". Pour trois des comptes, les recherches à caractère sexuel ont été immédiatement suggérées.

Après "quelques clics", les chercheurs ont découvert du contenu pornographique. Parmi ces vidéos, des femmes dénudées, d'autres simulant la masturbation ou encore des rapports sexuels avec pénétration. Certaines vidéos semblaient mettre en scène des mineurs de moins de 16 ans. Dans trois cas, Global Witness est tombé sur du contenu pornographique dès le premier clic.

"Notre argument n'est pas seulement que Tiktok montre du contenu pornographique aux mineurs. Il s'agit plutôt de montrer que les algorithmes de recherche poussent activement les mineurs vers du contenu pornographique", souligne le rapport.

Et au fil des clics supplémentaires, l'enquête montre que le nombre de contenus pour adultes ne cesse d'augmenter. Les vidéos sont de plus en plus explicites.

Echapper à la modération

Pour échapper à la modération de la plateforme, les internautes s'amusent à cacher les contenus sexuellement explicites au milieu d'une photo ou d'une vidéo anodine. de quoi surprendre plus d'un internaute. "Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui se passe avec mes recommandations de recherche s'il vous plaît?", s'inquiète un internaute. "Qu'est-ce qui ne va pas avec cette application?", ajoute un autre.

Global Witness avait déjà alerté la plateforme de vidéos courtes en janvier dernier. La plateforme avait alors assuré avoir pris des mesures et supprimé plusieurs recommandations de recherche. Pourtant, quand l'organisation a refait l'expérience entre juillet et août, rien n'avait changé. Les mêmes suggestions sexuellement explicites continuaient d'apparaître.

De son côté, Tiktok a assuré auprès de l'ONG avoir supprimé les vidéos incriminées et apporté des modifications à ses recommandations de recherche. "Dès que nous avons été informés de ces allégations, nous avons pris des mesures immédiates pour enquêter, supprimer le contenu qui violait nos politiques et lancer des améliorations à notre fonction de suggestion de recherche", a déclaré un porte-parole.

Ce n'est pas la première fois que Tiktok est critiqué pour son manque de protection des jeunes utilisateurs. En septembre dernier, en France, le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les effets psychologiques de Tiktok dressait le même constat. "Le verdict est sans appel: cette plateforme expose en toute connaissance de cause nos enfants, nos jeunes, à des contenus toxiques, dangereux, addictifs", assurait Arthur Delaporte, le président de la commission. Les députés préconisent, entre autres, l'interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans.

Salomé Ferraris