Qu’est-ce que Twitch, la plateforme sur laquelle s'exprimera Jean Castex ce dimanche?

Le logo de la plateforme de streaming de parties de jeux vidéo Twitch en juillet 2019 à Paris - Martin BUREAU © 2019 AFP
Les hommes politiques, comme les médias, la convoitent. Ces derniers jours, la plateforme de diffusion de vidéo en direct Twitch aura aussi bien accueilli, dans des émissions différentes, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, que l'ancien président François Hollande ou encore plusieurs médias, dont BFMTV ou encore le magazine économique Challenges, Ouest-France ou le Télégramme.
Pourquoi se rendre sur ce terrain périlleux, longtemps prisé par les seuls amateurs de jeux vidéo? Essentiellement pour l'interaction qu'elle permet, sur un large panel de sujets. Twitch, détenue par Amazon depuis 2014, a été créée il y a dix ans pour permettre la diffusion de vidéos en direct, essentiellement de parties de jeux vidéo.
Des questions sans filtre
La plateforme s'est depuis diversifiée dans ses contenus et peut accueillir tout "streamer" à même de lancer une émission sur le sujet de son choix. Des catégories "sport", "artisanat", "bien-être", ou encore "cuisine" figurent ainsi désormais aux côtés des incontournables "League of Legends", "Minecraft" ou "Fortnite", trois jeux vidéo extrêmement populaires.
En 2019 déjà, dix ministres dont Edouard Philippe, Jean-Michel Blanquer et François de Rugy avaient participé à un "grand débat" diffusé en direct sur la plateforme. L'objectif était alors de toucher un public plus jeune et de voir leurs questions, constructives ou non, défiler en direct pour s'adonner à un exercice de transparence.
Lors d'un direct animé le 7 mars par le journaliste Samuel Etienne, qui tient régulièrement des revues de presse très suivies sur Twitch, François Hollande a ainsi été interrogé aussi bien à propos des plus grands regrets de son mandat de président, de son recours au 49.3 que de son plat préféré ou encore de la vidéo tournée par les deux youtubeurs McFly & Carlito pour promouvoir les gestes barrière.
Des streamers aux millions de vues
La plateforme reste facile d'accès. Il suffit, pour suivre les directs, de se rendre sur son site, puis de sélectionner un contenu à regarder, par chaîne ou par mot-clé. Les directs peuvent être consultés en temps réel, et donner l'occasion d'interagir avec les streamers, ou être visionnés en replay.
Au même titre qu'Instagram ou YouTube, Twitch compte ses grands noms, parfois suivis par des millions de personnes. Parmi les plus populaires en France, figurent Gotaga (2,8 millions d'abonnés) ou encore ZeratoR (1 million) et Sardoche (958.000), qui retransmettent tous leurs parties de jeux vidéo, dans leurs spécialités respectives.
Tous ces streamers peuvent être rémunérés pour leurs vidéos, à coup de publicités, de rémunération par des marques, de liens permettant d'acquérir les jeux vidéo présentés ou encore de dons ponctuels de la part de leurs abonnés, sur lesquels Twitch prélève une commission de 30 à 50%. Ces dons de monnaie virtuelle portent le nom de "bits".
Mais être correctement payé pour la qualité de ses contenus s'avère difficile: d'après le site Twitch Tracker, près de 95% des vidéos regardées sur Twitch ne sont pas regardées par plus de cinq personnes... bien loin du cap à passer pour les monétiser.
Une audience en hausse
Bien que de plus en plus populaire, l'audience de Twitch est loin d'égaler celles des plateformes et réseaux sociaux les plus populaires en France. Selon Médiamétrie, 5 millions de Français se connectent au moins une fois par mois sur Twitch. Près d’un million s’y rendent chaque jour, contre 19 millions sur YouTube, 16 millions sur l'application Snapchat, 13 millions sur Instagram et enfin, 5 millions sur TikTok.
Le 8 mars, l’interview de François Hollande par les internautes sur la chaîne de Samuel Étienne a dépassé les 80.000 spectateurs en simultané. Soit la plus large audience mondiale à 23 heures, aux alentours de la fin du direct.