Puces cérébrales: Neuralink accusé d'avoir causé la mort de plusieurs singes de laboratoire

Dans des photos publiées sur son site web, Neuralink a voulu montrer que ses singes sont en bonne santé. - Neuralink
Une association américaine de défense des animaux a déposé une plainte, le 10 février, contre Neuralink pour des cas de maltraitance parfois mortelle sur des singes. L'entreprise, qui appartient au milliardaire Elon Musk, est spécialisée dans la fabrication de puces cérébrales.
Elle a, selon le Comité des praticiens pour une médecine responsable (PCRM), réalisé des expérimentations sur au moins 23 singes, entre 2017 et 2020. Seuls 7 d'entre eux ont survécu, selon des informations rapportées par Business Insider.
Le PCRM fait état dans son communiqué de "souffrance extrême, résultant de maltraitance animale et d'implants crâniens extrêmement invasifs lors des expérimentations".
Automutilation, épilepsie, infections
Sur la période concernée, ces expériences ont été menées à l'université de Davis (Californie), qui détient un centre dédié à la recherche sur les primates.
Le PCRM a mis la main sur plus de 700 pages de documents décrivant ces expériences, comportant des rapports vétérinaires ou d'autopsies. Ces fichiers ont donné lieu à la plainte de l'association, portée auprès du département de l'Agriculture des États-Unis. Il y est question d'automutilation, de crises d'épilepsie, le tout dans un contexte général de manque de soins et de maltraitance animale.
"Les singes utilisés dans ces expériences étaient enfermés seuls, avaient des implants métalliques vissés à leur crâne, ont souffert de traumatismes faciaux et de crise d'épilepsie dus aux implants, ainsi que d'infections multiples. Dans certains cas, Neuralink et l'université de Davis ont choisi de les euthanasier avant le début des expériences, leur santé étant trop dégradée", affirme le communiqué.
Selon les informations de Business Insider, les 7 singes ayant survécu à ces expériences ont été transférés dans les locaux de Neuralink, lorsque cette dernière a coupé les ponts avec l'université de Davis, fin 2020.
Neuralink a répondu
Face à ces accusations, Neuralink a répondu via un communiqué de presse publié sur son site web. L'entreprise rappelle que "actuellement, tous les nouveaux dispositifs médicaux doivent être testés sur des animaux avant d'être testés sur des humains -une règle à laquelle Neuralink n'échappe pas."
L'entreprise détaille les causes de la mort de plusieurs singes, précisant que nombre d'entre eux sont arrivés "en procédure terminale", c'est-à-dire sur le point d'être euthanasiés en raison "de mauvaises conditions de santé liées à leur état avant d'être assignés à Neuralink". Toutes les procédures menées entre 2017 et 2020 à l'université de Davis se "pliaient aux lois fédérales en vigueur", déclare le communiqué.
Neuralink rappelle toutefois qu'elle a transféré, dès 2020, les animaux dans ses propres locaux pour "améliorer [leur] qualité de vie". "Nous sommes absolument dévoués à travailler avec les animaux de la façon la plus humaine et éthique possible", affirme le communiqué.
De futurs tests sur les humains
Les puces cérébrales fabriquées par Neuralink ont vocation à contrôler l'activité cérébrale. L'entreprise défend, à long terme, l'idée d'un système permettant de restaurer des sens ou encore de traiter des maladies telles qu'Alzheimer ou Parkinson.
Mais au-delà de cet aspect médical, elle vise également à apporter aux êtres humains une "super-cognition", qui passerait par la capacité à contrôler des choses par la pensée, comme un ordinateur ou un smartphone.
En 2021, l'entreprise avait fait une démonstration des capacités de son produit à travers la vidéo d'un singe jouant au jeu vidéo Pong "avec son esprit". Elon Musk, qui détient également les entreprises Tesla et SpaceX, avait célébré cette réussite dans un tweet.
Fin janvier, la start-up a lancé un appel à candidature pour un poste de "directeur d'essais cliniques", probablement en prévision de prochains tests sur des humains. Musk avait effectivement fait une annonce en ce sens, déclarant qu'il souhaitait les débuter dès cette année 2022. Toutefois, l'implant n'a toujours pas reçu l'aval de la Food and Drugs Administration, qui régule la commercialisation de médicaments aux États-Unis.