Piratage: plusieurs services de l'Etat visés par des attaques informatiques d'une "intensité inédite"

Plusieurs services de l’Etat font l’objet d’attaques informatiques "dont les modalités techniques sont classiques mais l’intensité inédite", a appris BFMTV auprès de Matignon qui précise que de "nombreux services ministériels ont ainsi été ciblés". L'attaque se déroule depuis ce dimanche, précise-t-on de source gouvernementale.
"Une cellule de crise a été activée dès hier soir pour déployer des contre-mesures et garantir la continuité des services informatiques", précise le gouvernement.
"A ce stade, l’impact de ces attaques a été réduit pour la plupart des services et l’accès aux sites de l’Etat rétabli", indique Matignon.
La direction interministérielle du Numérique (Dinum) et l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) "continuent à mettre en œuvre des mesures de filtrage jusqu’à la fin de ces attaques."
Attaques récurrentes
Matignon n'a pas précisé les services concernés mais il n'est pas rare que les sites de l'Etat soient visés par des attaques. L'année dernière, le site du Sénat et celui de l'Assemblée nationale avaient été la cible de cyberattaques.
Selon les informations de BFMTV, il s'agit d'attaques DDOS par déni de service, qui consistent à saturer un site internet de requête pour le faire tomber. En l'occurrence, les boîtes mail et les agendas en ligne ont été visés.
A ce stade, aucune indication ne permet d'évoquer une attaque russe mais deux groupes ont déjà revendiqué ces attaques. Le premier est Anonymous Sudan, un groupe de hackers qui vise les pays occidentaux opposés à la Russie. Le second est le groupe NoName057(16), lui aussi pro-russe.
Les élections dans le viseur
Depuis plusieurs années, et notamment le début de la guerre en Ukraine, la France est régulièrement ciblée par des groupes russes ou pro-russes. Il peut s'agir d'attaques par déni de services ou de rançongiciel. Plusieurs villes ou hôpitaux français ont ainsi été piratés comme celui de Corbeil-Essonnes en 2022.
Courant février, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu avait appelé au renforcement des mesures de sécurité face aux menaces de "sabotage et de cyberattaque" russes qui visent son ministère "au premier chef".
Les Jeux Olympiques de Paris sont aussi une autre cible pour les pirates. Dans son panorama 2023, l'Anssi a ainsi alerté sur une potentielle recrudescence des attaques dans ce contexte.
Autre moment charnière: les élections européennes du 9 juin prochain, un "enjeu et une cible considérables" de manipulations étrangères, selon le secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), Stéphane Bouillon. Ce dernier va d'ailleurs organiser le 29 mars, pour tous les partis politiques français présentant une liste aux élections européennes, une réunion de "sensibilisation aux menaces".