Que sait-on de Macrohard, le projet IA d’Elon Musk qui veut défier Microsoft?

Elon Musk et le logo de Grok 4. - xAI
"Elon Musk est littéralement en train de peindre MACROHARD sur le toit de son cluster de superordinateur, Colossus II, à Menphis. Voilà à quoi ça va ressembler..." Le message sur X s'accompagne d'une image, a priori générée par un IA, sur laquelle on voit des lettres géantes couvrir une partie du toit de ce gigantesque centre de calcul.
Macrohard, derrière le jeu de mot...
Mais qu'est-ce que Macrohard? Macrohard est un nouveau projet de xAI, la structure dédiée à l'intelligence artificielle d'Elon Musk. Plus qu'un simple projet c'est l'ambition d'aboutir à la création d'une société qui "pourra tout faire à l'exception de produire directement des objets physiques", explique celui qui veut également lancer Grokipedia, une alternative à Wikipedia entièrement générée par l'IA.
Le nom "Macrohard" est ainsi une provocation "espiègle" en direction de Microsoft, jouant sur l'opposition linguistique entre "macro" et "micro" ainsi que "hard" et "soft". Mais comme le précise l'homme le plus riche du monde "si le nom est ironique, le projet est, lui, bien réel."
Il vise à révolutionner l'industrie logicielle en automatisant totalement le développement et la gestion des produits logiciels. Avec un objectif bonus, concurrencer Microsoft, notamment en créant des logiciels similaires, mais développés et gérés uniquement par des agents d'IA collaborant ensemble. Ainsi, Elon Musk envisagerait le remplacement de Windows, le système d'exploitation de Microsoft, par une armée d'agents IA. Une tâche évidemment d'une extrême complexité, mais qui ne semble pas rebuter le patron de xAI. "Puisque les sociétés éditrices de logiciels, comme Microsoft, ne fabriquent rien de physique elles-mêmes, il devrait être possile de les simuler" grâce à l'IA, écrit-il sur X.
“Un impact profond à une échelle immense”
Dans un post publié dimanche sur sa plateforme sociale, Elon Musk a répété son ambition de développer un système d’IA capable d’automatiser à grande échelle le développement et l’orchestration de logiciels, s’inspirant d’une approche similaire à celle d’Apple dans la fabrication des iPhones. Il a aussi déclaré que "le projet MACROHARD de xAI aura un impact profond à une échelle immense".
Ce projet repose sur Colossus II à Memphis, le plus grand cluster d’IA au monde, alimenté par des millions de processeurs Nvidia. De fait, ce site a été le premier à aligner une capacité de calcul qui nécessitera à terme 1 Gigawatt d'alimentation électrique. Plus qu'un centre de données, c'est donc un centre de calcul, ce que Jensen Huang préfère appeler des "IA factories", désormais. Lors de la conférence d'ouverture de la GTC à Paris, en marge de Vivatech, le patron de Nvidia avait expliqué que ce nom est mieux adapté puisqu'on n'y stocke pas tant des données que de la puissance de calcul pour entraîner et faire tourner des intelligences artificielles. Colossus II pourrait ainsi aider à révolutionner les industries en facilitant le prototypage rapide et en automatisant les flux de travail, sans nécessiter de fabrication matérielle directe. Sa capacité de calcul est essentiel à l'utilisation intensive de l'apprentissage par renforcement, que xAI utilise de manière très intensive depuis quelques mois pour rendre ses algorithmes encore plus performants, à en croire SemiAnalysis.
Evidemment, au-delà de la puissance de calcul, se pose celle des ressources humaines pour mener ce projet. Le recrutement pour le faire avancer a déjà commencé: Yuhuai “Tony” Wu, ingénieur et cofondateur de xAI, a annoncé sur Twitter qu’ils recrutaient une nouvelle équipe chargée de développer des agents de contrôle informatique, en vue de travailler sur Grok5 et Macrohard plus tard cette année, concrétisant ainsi les ambitions du milliardaire.
Rivalité avec Bill Gates
L’attaque frontale de Musk contre Microsoft prend tout son poids lorsqu’on la replace dans le contexte de la rivalité historique qu’il entretient avec Bill Gates, fondateur de la firme américaine.
Les joutes verbales entre les deux hommes sont fréquentes. Bill Gates n’a pas hésité à exprimer ses réserves sur l’influence grandissante d’Elon Musk dans les cercles décisionnels américains. Lors d’une récente intervention, l’ancien patron de Microsoft a critiqué sans détour son rival, l’accusant de choix politiques ayant contribué à une réduction brutale de l’aide humanitaire des États-Unis.
De son côté, Musk a répliqué par un discours, qualifiant Gates de “milliardaire en quête de rédemption” tentant de s’acheter une conscience après avoir bâti sa fortune sur la dépendance numérique des plus vulnérables.