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Le patron de Mac Guff s'alarme des progrès de l'IA pour les studios d'animation

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Rodolphe Chabrier, patron de Mac Guff, partage ses pensées quant aux progrès de l'IA dans la génération de vidéo et ce qu'elle pourrait représenter pour le secteur de l'animation.

L'IA sonne-t-elle le glas des studios d'animation? Invité de Tech&Co, la quotidienne, lundi 3 juin 2025, Rodolphe Chabrier, patron de Mac Guff, société spécialisée dans la création d'effets visuels, est venu réagir aux récents progrès de l'IA dans la génération de vidéos. Une technologie qui se développe à une vitesse remarquable, en témoigne la dernière version de Google Veo.

Veo 3 est notamment capable de générer des vidéos très réalistes avec du son et des dialogues. Ce type d'outil représente ainsi à la fois une menace et une opportunité pour l'industrie du cinéma et en l'occurrence de l'animation.

Des étapes franchies avec Veo 3

Lorsqu'il a été dévoilé à l'occasion de la Google I/O en mai dernier, Veo 3 n'a pas manqué d'inquiéter un peu plus le secteur de la production audiovisuel. L'ajout majeur de cette nouvelle version de Veo, c'est le son et les paroles des personnages dans les vidéos générées.

"Là, on a des humains et des humains qui parlent. (...) C'est un système qui est multimodal quand il fabrique ces images. C'est-à-dire qu'avant on fabriquait des images (...) qu'on animait ensuite, parallèlement, on allait coller du son dessus. (...) Là, (Veo 3) c'est en un seul bloc, l'entraînement n'est pas fait qu'avec des images, il est fait avec du mouvement, avec du son", analyse Rodolphe Chabrier.

Et les voix ne sont pas les seules prouesses attribuées à Veo 3. Le patron ajoute qu'avec cette nouvelle version de l'IA, "Google amène le fait qu'il y ait de la consistance, les personnages et les décors peuvent rester d'un plan à l'autre ce qui n'est pas évident avec l'IA".

Mac Guff comme d'autres entreprises du secteur s'approprient peu à peu l'IA en tant qu'outil. "Tout le monde s'y met dans mon métier", assure Rodolphe Chabrier. Le studio a d'ailleurs son propre "laboratoire IA" pour développer ses concepts, ses modèles et ses jeux de données. "Il y a plein de choses progressives qui se mélangent. L'IA peut magnifier les outils conventionnels qu'on utilise," commente le patron.

Veo 3 génère aussi des inquiétudes

L'IA met désormais à la main de tout le monde des moyens de production conséquents comme le rappelle Rodolphe Chabrier: "Le gamechanger, il a commencé il y a quatre ans déjà (avec la popularisation de ChatGPT, NDLR). Là, ce ne sont que des étapes d'amélioration. Là, un enfant au fin fond de la Corrèze a plus de moyens que Spielberg dans les années 80."

Alors comment se démarquer d'une IA au potentiel très élevé? Rodolphe Chabrier met au premier plan la dimension humaine qu'un partenariat peut amener, contrairement à l'utilisation de l'IA. "Le fond du sujet ce n'est pas tellement l'outil qu'on utilise. Ce sont les rapports humains qu'on va avoir avec un réalisateur, un producteur", raconte le patron.

Il ne baigne pourtant pas dans l'optimisme: "On arrive à un moment donné où notre métier va aussi disparaître parce qu'il va à terme être remplacé par ce genre de choses." Y compris sur la question de l'originalité, souvent considérée comme absente chez les IA. Là aussi, le patron ne sous-estime pas les progrès de l'intelligence artificielle: "Le jus de cerveau et la créativité, j'ai bien peur que l'IA soit capable de le faire assez vite aussi."

Théotim Raguet