En rendant Alexa plus intelligente, Amazon veut offrir une nouvelle vie à ses enceintes connectées

Amazon veut donner une deuxième jeunesse à ses enceintes connectées Alexa. Grâce à l’IA, elles vont devenir beaucoup plus intelligentes qu’aujourd’hui

Les enceintes connectées, dont les premiers modèles sont sortis il y a 10 ans - et qui étaient assez impressionnants à l’époque - ont pris un énorme coup de vieux depuis l’arrivée de l’IA générative, qui nous montre toutes leurs lacunes...

Amazon travaille donc sur des enceintes connectées Alexa "next gen" qui intégreraient de l’AI générative. Cela leur permettrait notamment d’avoir des interactions beaucoup plus naturelles avec l’utilisateur.

Aujourd’hui c’est très compliqué: parler à ces enceintes, quelle que soit la marque, cela ressemble plus à faire une recherche sur Google qu’à discuter avec quelqu’un. On ne peut pas enchaîner plusieurs phrases, se reprendre si on s’est trompé, suivre un raisonnement logique, donner plusieurs ordres à la fois. Sans même parler des temps de latence avant la réponse ou des incompréhensions...

Une alliance avec Anthropic

Avec l’intégration de l’IA générative, tout change. On peut discuter et donner des consignes complexes et combinées comme:

"Commande une pizza quatre fromages pour une livraison dans 30 minutes et pendant ce temps, baisse les lumières du salon, allume l'aspirateur robot et mets de la musique relaxante. Et pour vendredi organise une soirée cinéma surprise. Commande des pizzas, des boissons et choisis un film d'horreur en fonction de mes préférences."

L’appareil pourra aussi se souvenir de nos préférences, des discussions qu’on a eues auparavant et donc s’adapter à nos goûts, voire à notre personnalité.

Le seul problème c’est qu’Amazon n’a pas de modèle suffisamment performant en interne. Il va donc faire appel à Claude, celui d’Anthropic, l’un des principaux concurrents de ChatGPT, extrêmement performant et entreprise dans laquelle - le hasard fait bien les choses -, Amazon a investi 4 milliards de dollars. Tout ça devrait être annoncé officiellement courant octobre, juste avant la saison des fêtes, stratégique pour en vendre le plus possible.

Sauf que tout ça a un coût. Les enceintes connectées pourraient passer à un modèle par abonnement payant. On parle de 5 à 10 dollars par mois en plus du prix de l’appareil. A moins qu’ils ne l’intègrent dans le package Amazon prime...

L’IA ça coûte cher, il faut des serveurs, il y a un coût énergétique important pour la moindre requête. Mais est-ce que les utilisateurs seront prêts à payer plus de 100 euros par an juste pour une enceinte connectée? Apparemment même en interne certains n’y croient pas trop.

Relancer l'intérêt

Ce qui est sûr, c'est que c'est la dernière chance d’Amazon pour sauver un produit qui lui a fait perdre des milliards de dollars au fil des années. Le groupe a perdu des milliards avec ces enceintes connectées, vendues en moyenne très peu chères, certaines autour de 30 euros, avec zéro marge. Car l’ambition initiale d’Amazon, c’était que ces enceintes soient utilisées pour développer le "voice shopping", c'est-à-dire passer des achats sur Amazon, faire des listes de course vocales quand il me manque quelque chose à la maison et se le faire livrer dans la foulée.

Sauf que ça n’a jamais pris. La grande majorité des utilisateurs s’en sert pour lancer une chanson ou le minuteur pour faire cuire les pâtes, mais pas grand-chose de plus. Comme le résume un ancien employé: "Nous avons embauché 10.000 personnes pour construire un minuteur intelligent".

Un énorme échec de ce point de vue-là. Quand il a annoncé un vaste plan social fin 2022, Amazon a notamment taillé dans cette division "devices", dans laquelle travaillent plus de 10 000 ingénieurs et qui faisait perdre 5 milliards de dollars par an à l’entreprise. Cette nouvelle version pourrait être la dernière chance d’aller vers ce "voice shopping" dont Amazon rêve, l’idée étant de rendre l’expérience d’achat la plus simple possible pour qu’on oublie qu’on est en train de dépenser de l’argent. Sans compter de nouvelles fonctionnalités qui pourraient être rendues possibles par l’IA. Amazon a par exemple déposé des brevets sur la détection d’une voix enrouée ou dépressive par exemple...

Anthony Morel