Inde: Twitter censure plusieurs médias à la demande du gouvernement

Le réseau social n’a pas souhaité préciser les raisons du blocage de plusieurs comptes largement suivis en Inde. Ces sanctions seraient liées au soutien de certains comptes à des opposants au gouvernement.

Depuis ce 1er février, les équipes du magazine indien The Caravan ne peuvent plus s’adresser à leurs abonnés basés en Inde. A la suite d’une demande “légale”, la plateforme a rendu inaccessible leur compte, suivi au total par 290.000 personnes.

Il en est de même pour plusieurs autres comptes largement suivis dans le pays, à l’image de celui de l’écrivain Hansraj Meena ou de comptes de soutien aux agriculteurs indiens. Interrogé par plusieurs journalistes indiens, Twitter refuse d’expliquer les raisons du blocage de ces comptes (qui restent accessibles depuis les autres pays, dont la France).

Décisions opaques en Inde comme en France

D’après l’agence de presse indienne Asian News International (ANI), le blocage de ces comptes a été effectué après une demande du ministère de de l’électronique en raison de l’utilisation du mot-clé #ModiPlanningFarmerGenocide, que l’on pourrait traduire par “Modi organise le génocide des agriculteurs”.

Le terme fait référence à une réforme actuellement menée par le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi, qui a pour projet de libéraliser le secteur de l’agriculture. Une décision qui provoque depuis plusieurs semaines une révolte des agriculteurs indiens, qui craignent que leurs revenus chutent aux profits de multinationales.

La demande de blocage de comptes affichant un soutien vis-à-vis des agriculteurs pourrait être liée aux récents affrontements à New Delhi entre agriculteurs et forces de l’ordre. Ce 30 janvier, une manifestation a fait un mort et 300 blessés.

Ce n’est pas la première fois que l’opacité des décisions de Twitter est pointée du doigt par des médias sanctionnés par la plateforme. Dans l’Hexagone, le compte du site français Rutpures est depuis plusieurs mois affiché par la plateforme comme “affilié à la Russie” et pénalisé par des limites d’audiences de ses tweets. Interrogé par BFMTV, Ruptures a assuré n’avoir aucun lien avec la Russie. De son côté, Twitter n’a pas souhaité expliquer sa décision.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co