Huawei déconseille aux Européens de "suivre l'Amérique dans sa guerre"

"Notre stratégie est claire: nous investissons toujours davantage dans les pays qui nous font confiance", affirme Ken HU, PDG de Huawei - Mohd Rasfan - AFP
Habituellement, Huawei ne communique que sur ses produits grand public. Rarement sur son activité industrielle et jamais sur des questions de politique internationale. Depuis les accusations d'espionnage portées par Washington, le groupe chinois rompt cette habitude. Après Ren Zengfei, son fondateur, c'est au tour de Ken Hu, son PDG, de commenter le conflit qui l'oppose aux Américains dans un entretien au Figaro.
Selon le patron du groupe, les accusations américaines ne reposent sur rien et risquent surtout d'avoir des répercussions financières et technologiques sur le déploiement de la 5G dans les pays qui auraient l'idée d'emboîter le pas des Etats-Unis. "L'intérêt des Européens n'est pas de suivre l'Amérique dans sa guerre contre Huawei!", prévient Ken Hu. "Cela ralentirait l'innovation et augmenterait son coût. Cela porterait atteinte aux intérêts des consommateurs".
Le patron de Huawei prend pour exemple l'Australie qui a décidé de fermer ses frontières à ses technologies: "Le déploiement commercial de la 5G y sera retardé. En raison de notre éviction, l'augmentation du coût de déploiement de la 5G pourrait atteindre 2 milliards de dollars".
Les Européens invités à tester la sécurité
Pour montrer sa bonne foi en matière de neutralité, le dirigeant propose aux agences de cybersécurité européennes de procéder à des tests sur ses équipements. "Un nouveau centre de test de sécurité indépendant a ouvert ses portes en Allemagne en novembre dernier. [...] Nous ouvrons un autre centre à Bruxelles le 5 mars 2019. Les gouvernements et les clients européens sont les bienvenus [...] pour tester la sécurité de nos produits".
Concernant les accusations de Washington, le dirigeant fait confiance à la justice américaine: "Nous n'acceptons pas ces fausses accusations. [...] Nous répondrons aux accusations devant le tribunal, car nous avons confiance dans l'indépendance et le professionnalisme de la justice américaine".
Ken Hu revient aussi sur la législation chinoise qui oblige les entreprises à coopérer avec les services de renseignements. Elle "concerne le terrorisme, et en aucun cas le commerce et ne s'applique que sur le territoire chinois", affirme le patron de Huawei. Et de conclure en rappelant que "beaucoup de pays dans le monde, y compris les pays de l'alliance des "Five Eyes" ont des lois similaires".