Huawei aiderait la Chine à identifier les Ouïghours par la reconnaissance faciale

Huawei accusé d'avoir créé un système pour alerter les autorités en cas de détection d'un membre de la communauté ouïgours - YouTube (IPVM)
Huawei est une nouvelle fois au cœur d’une polémique pour sa proximité avec le gouvernement chinois. D’après un rapport du collectif d’experts en vidéosurveillance IPVM, publié par le Washington Post, Huawei a mis au point un système capable d’envoyer des “alertes ouïghours”, basées sur un système de reconnaissance faciale. Le but étant d’alerter les autorités lorsqu’un membre de cette minorité musulmane, victime d’une répression dans le pays, est identifié par une caméra de vidéosurveillance.
Selon les documents partagés par IPVM, Huawei a travaillé en 2018 avec l’entreprise chinoise Megvii, spécialisée en reconnaissance faciale, dans le but de créer un système capable de scanner un visage pour en définir l’âge, le sexe et l’origine ethnique.

Document supprimé du site de Huawei
“Au cours de ces tests d'interopérabilité, Huawei et Megvii ont fourni une solution de reconnaissance faciale commune basée sur les services de stockage vidéo en ligne de Huawei. Au sein de cette solution commune, Huawei a fourni les serveurs, le stockage, l’équipement réseau, sa plateforme de stockage en ligne FusionSphere, des caméras ainsi que d’autres éléments logiciels et matériels. De son côté, Megvii a fourni son logiciel de reconnaissance faciale dynamique” pouvait-on lire dans le rapport.
Le document, d’abord accessible sur le site Web européen de Huawei, a été supprimé après que le collectif IPVM et le Washington Post ont demandé à Huawei de réagir sur le sujet.
Huawei assure toutefois que ces travaux n’ont pas été mis en application par les autorités chinoises.
"Nous ne développons pas d’algorithmes ou d’applications dans le domaine de la reconnaissance faciale mais uniquement des technologies à usage général qui se fondent sur les normes internationales en matière d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle.
Huawei n’est pas impliqué dans le développement des couches d’application qui définissent la façon dont cette technologie est utilisée. Nos produits et solutions sont en conformité avec les normes de l’industrie et les règlementations concernées" se défend Huawei France auprès de BFMTV.
Megvii promet de son côté que son système de reconnaissance faciale n’a pas vocation à cibler une population sur des critères ethniques et que ses activités se concentrent sur “le bien-être et la sécurité” des individus.
L’entreprise Hikvision, principal fabricant de caméras de vidéosurveillance - et fournisseur des caméras-piétons de la police française - est également impliquée dans le projet, selon IPVM.