Succéder à la Switch : en 2025, le pari (très) risqué de Nintendo pour rester au sommet

D'ici au 31 mars, Nintendo devrait (enfin) avoir annoncé sa prochaine console, qui succédera à la Switch. Un défi immense pour le constructeur.

Que ce soit au Japon, en Europe ou aux États-Unis, il est indéniable que la Switch est un carton sans précédent. La console hybride de Nintendo, lancée en mars 2017, s'est vendue à plus de 146 millions d'unités partout dans le monde. Avec son concept mariant console de salon et portable, un ample catalogue composé de jeux écoulés, pour certains, à plus de 35 millions d'exemplaires, la Switch a su conquérir un public bien au-delà des fans habituels de l'entreprise japonaise.

Mais en 2025, la place prépondérante de Nintendo dans l'industrie pourrait être remise en question avec la sortie de sa prochaine console. Officiellement, Nintendo doit "annoncer" la machine qui succèdera à la Switch d'ici le 31 mars 2025, date à laquelle se clôturera son année fiscale 2024/2025. Un défi immense, alors que tous les indicateurs ne sont pas au vert.

Une console pas encore annoncée

Nintendo n'a jusqu'ici que très rarement évoqué sa future console. Quelques bribes ont bien été rendues publiques lors de rendez-vous avec des investisseurs, mais il faut se contenter depuis des mois de rumeurs, dont la crédibilité est à géométrie variable.

La seule chose officielle reste la rétrocompatibilité avec les jeux du catalogue de la Switch. C'est une habitude pour le constructeur, qui a toujours tout tenté pour éviter que les joueurs ne restent sur l'ancienne génération et n'aient aucun problème à passer à la suivante. Que ce soit la Wii, qui était compatible avec les jeux GameCube, ou encore la Wii U, avec ceux de la Wii, mais aussi la Game Boy Advance, sur laquelle on pouvait utiliser ses jeux Game Boy, la "Switch 2" ne créera donc pas de fossé.

Car si fossé il y avait eu, cela aurait surtout signifié un véritable risque pour Nintendo de ne pas réitérer l'immense succès de la Switch. La rétrocompatibilité –au moins au début d'une nouvelle génération– n'est pas forcément l'argument principal, mais elle a quelque chose de suffisamment rassurant, encore plus quand elle ne se limite pas aux jeux et concerne également les accessoires.

Sur la rétrocompatibilité, Nintendo n'en dira pas plus. Certains estiment que les jeux Switch pourraient bénéficier de la puissance de la prochaine console, par exemple pour disposer d'une meilleure fluidité ou d'une résolution accrue.

La puissance de la nouvelle Switch en question

Cette puissance, une fois encore confiée à Nvidia (qui a travaillé avec Nintendo sur la Switch), pourrait trouver son principal point d'intérêt dans l'utilisation des technologies d'aujourd'hui. On pense immanquablement au DLSS, qui permet de restreindre la résolution d'un jeu au bénéfice de la fluidité, et ce, sans que cela ne se voie trop à l'écran (grâce à de l'IA).

De fait, la Switch étant sortie en 2017, elle dispose d'un hardware particulièrement vieillissant. Si la plupart des jeux de Nintendo ont réussi de véritables tours de force, par exemple avec The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom et Super Mario Bros. Wonder, il en va autrement pour les éditeurs tiers. Il y a bien quelques petits miracles, comme The Witcher 3, Hogwarts Legacy: L'Héritage de Poudlard et Ori and the Will of the Wisps, mais cela n'empêche pas de constater des lacunes techniques évidentes, qui rendent la sortie d'une nouvelle console bien plus pressante qu'on ne le croit.

Mais quand sortir cette nouvelle console ? C'est la question à plusieurs milliards pour Nintendo. Car si la Switch arrive inéluctablement en fin de vie, voyant ses ventes s'atténuer au fil de l'année 2024, la chute est loin d'être aussi nette que celle d'une Xbox One ou d'une Playstation 4 au lancement des Xbox Series ou de la Playstation 5.

Les sites de commerce en ligne proposent régulièrement des promotions singulières sur la Switch, la rendant très attractive auprès de ceux qui n'ont pas encore franchi le pas. La console continue aussi de faire la course en tête dans les meilleures ventes du monde entier, et ses jeux séduisent toujours un large public. En France, pas moins de trois jeux Switch figuraient systématiquement dans le Top 5 des ventes de jeux au mois de décembre 2024, selon les données du SELL.

Le traumatisme de la Wii U dans tous les esprits

Avec toutes ces données en tête, on comprend que Nintendo ne soit pas forcément très motivé à l'idée de dévoiler sa prochaine console – et encore moins de la sortir. D'autant que dès l'annonce officielle, les ventes de la Switch vont connaître une très forte baisse.

En 2016, alors que la Wii U est un échec complet, Nintendo bouleverse complètement son traditionnel calendrier d'annonces et prend tout le monde de court en dévoilant une vidéo expliquant le concept de la Switch dès le mois d'octobre 2016. À peine trois mois plus tard, le 13 janvier 2017, une grande conférence est organisée au Japon, en direct, où le catalogue des jeux à venir ainsi que l'ensemble des détails (prix, dates, accessoires…) sont dévoilés. La sortie intervient deux mois et demi plus tard, le 3 mars 2017.

Pour sa prochaine console, Nintendo pourrait donc vouloir de nouveau surprendre en réduisant une nouvelle fois les délais entre l'officialisation et la sortie. D'autant que, selon les rumeurs, cette future machine conserverait le format hybride de la Switch, tout en apportant notamment des manettes s'accrochant magnétiquement à l'écran. Il n'y a donc pas besoin d'expliquer le concept: on le connaît finalement déjà.

La seule véritable inconnue s'avère être le catalogue. Mais les indices concordent: tout au long de l'année 2024, Nintendo a proposé des nouveautés, mais les a surtout confié à des studios externes. Il apparaît donc probable que l'ensemble des studios internes de l'entreprise sont à pied d'oeuvre pour ne surtout pas râter la première année de vie de celle qui succèdera à la Switch.

Mais Nintendo étant une entreprise du jeu vidéo à part, rien n'est jamais certain avant qu'elle ne prenne véritablement la parole. Si elle a frôlé le sans-faute avec l'annonce de la Switch, le traumatisme de la Wii U reste très présent dans les esprits – que ce soit de ceux des dirigeants ou de ceux des fans. De quoi mettre une pression maximale loin d'être enviable.

Sylvain Trinel