Tech&Co
Gaming

Split Fiction: pourquoi vous devez absolument trouver quelqu’un pour jouer à cette petite perle

placeholder video
Si vous avez aimé "It Takes Two" ou encore "A Way Out" et "Brothers", vous allez tomber sous le charme de "Split Fiction", le jeu que vous ne pouvez que partager.

Il paraît que les joueurs n’aiment plus que les jeux de tir en ligne. Le jeu moderne ne jurerait majoritairement plus que pour ces adeptes de la manette, isolés dans leur chambre, casque sur la tête, s'égosillant avec d’autres joueurs en ligne pour peaufiner leur stratégie. Pour Josef Fares, il n’en est rien. Il y a toujours de la place pour jouer à deux sur son canapé.

Et même si ses jeux finissent toujours sur Switch, pas question pour autant de laisser le champ libre à Nintendo. Lui aussi sait y faire pour faire jouer en famille ou entre amis. Et cela lui réussit depuis des années, de Brothers: a tale of two sons jusqu'à It Takes Two, sacré jeu de l'année aux Game Awards 2021.

Dans son nouveau Split Fiction, la collaboration est à nouveau de mise. Mio et Zoé — les vrais noms des deux filles de Josef Fares — sont deux auteures en quête d’éditeur. Une occasion se présente dans une maison d’édition ultra high-tech qui transforme les livres en simulation à vivre. Mais la séance tourne mal et les deux jeunes femmes se retrouvent enfermées dans la même simulation. Un bug dans la machine les contraint à passer de l’histoire de l’une, fan de fantaisie, à celle de l’autre qui écrit de la science-fiction. Elles doivent s'unir afin de retrouver la fameuse faille qui les fera sortir de là.

Deux sinon rien

Deux héroïnes et donc besoin de deux joueurs. Car Split Fiction ne peut pas se jouer solo. À deux, c’est mieux, clame-t-on sans cesse chez Hazelight Studio. Le Pass Ami (gratuit), qui permet d'inviter un ami qui n'a pas le jeu à nous rejoindre, est à nouveau proposé. Rencontré en décembre dernier au moment de l’annonce du jeu, il nous expliquait combien il était impensable de réfléchir le jeu autrement qu’ensemble.

"C’est une expérience profondément collaborative, où la coopération entre les joueurs est au cœur de tout," confie-t-il à Tech&Co pour illustrer son approche avec Split Fiction. Pour lui, jouer ensemble est essentiel, car cela favorise la communication, la réflexion et l’interaction constante.

Split Fiction
Split Fiction © Capture de jeu

Pour progresser dans le jeu, vous serez obligés de penser à deux, car Mio et Zoé n’ont jamais les mêmes attributs, les mêmes possibilités et, dans certains mondes, les mêmes transformations possibles: l’une va devenir un singe géant pour tout casser et grimper ou un étrange animal aquatique pour aller sous l’eau, quand l’autre se mue en proche cousin de Groot (Les Gardiens de la Galaxie) pour gérer la flore ou en une sorte de fée Clochette pour pouvoir passer partout et voler. Ainsi se définit l’expérience de jeu selon Josef Fares, à deux: "Un échange permanent".

Un jeu ingénieux, rythmé et pour tous

Mais n’allez pas croire pour autant que faire un jeu avec un gameplay à assurer en tandem soit si facile. Josef Fares ne cache pas que la complexité technique de ces jeux est élevée, car il faut sans cesse réfléchir les mécaniques de jeu pour une interaction permanente entre les joueurs. Débloquer des portes, activer des plateformes pour se faire avancer en parallèle, s’envoyer des objets… Split Fiction regorge d’ingéniosité, de mécaniques différentes qui s’apparenteraient presque à la découverte de tous les styles possibles pour mieux choisir celui qui nous plaît (course, escalade, parkour, réflexion, tir, etc.).

Si vous jouez avec un jeune enfant, il va pouvoir se familiariser avec tout sans se lasser, car le jeu fera, à chaque niveau, appel à un gameplay différent, une vue parfois changeante qui nécessite de reconsidérer son style de jeu. Cela permet de donner du rythme sans jamais lasser. Un nouveau monde atteint, un changement d’environnement et il faut s’adapter, avoir une nouvelle approche. C’est très agréable, mais cela va parfois nécessiter un temps d’adaptation à ceux qui sont moins familiers des mécaniques de collaboration.

Dans "Split Fiction", la communication et la coordination sont indispensables
Dans "Split Fiction", la communication et la coordination sont indispensables © Capture de jeu

La force de Split Fiction réside plus que jamais dans la communication pour trouver un même mode opératoire commun, se synchroniser pour éjecter votre partenaire afin qu’il atteigne une plateforme et vous débloque quasiment dans le même timing. À l’instar des deux personnages aux caractères et goûts très tranchés, Split Fiction joue sur le besoin de surmonter ses différences pour avancer. Et cela rend possible de jouer avec quelqu’un qui n’a pas le même niveau vidéoludique que vous ou la même approche. "En jouant, les gens parlent beaucoup entre eux", s’enthousiasme Josef Fares. "Ils progressent ainsi". On en rigole, on échange et l’on passe un excellent moment. Que demander de plus?

Pégases 2025: le sacre de Prince of Persia
Pégases 2025: le sacre de Prince of Persia
31:44

La communication, l’essence même de Split Fiction

Le gameplay est une chose, mais il faut aussi pouvoir s'immerger dans l'histoire et son ambiance. Le talent du créateur libano-suédois ne se dément pas une fois de plus et il s’appuie sur ce qu’il connaît le mieux aussi: le cinéma. Le jeu regorge de références et, en changeant d’univers, paraît s'offrir des clins d’oeil multiples (Dune, Shreck, Avatar, Tron, Star Wars…). Un hommage plus que tout quand on sait que le cinéma fut son premier métier.

Il a d’ailleurs gardé son sens de l’écriture avec des dialogues succulents et drôles — même si on pourra trouver que Mio et Zoé ont une forte tendance à la verbalisation à outrance -, et des histoires parallèles. Dans chaque monde, il y a ainsi à trouver des bulles qui vont vous basculer temporairement dans une quête annexe dans l’autre univers. Mais si vous la ratez, vous ne pourrez plus y retourner, à moins de recommencer le niveau. De l’importance de communiquer dès que l’un ou l’autre la voit.

Split Fiction
Split Fiction © Capture d'écran

Si le nouveau titre d’Hazelight a séduit, c’est par son histoire et sa vision du jeu vidéo comme amusement à partager. Split Fiction propose une histoire moins touchante - certains diront moins traumatisante aussi - que It Takes Two (la séparation) ou même Brothers (la maladie), moins palpitante que A way Out, mais tout aussi prenante à sa façon. Car on veut savoir. Et le propos, l’imagination des deux filles comme théâtre du jeu, servent parfaitement le gameplay, rendu dynamique par les incessants changements. Il est là le côté imprévisible et survolté du créateur, son talent pour créer des expériences inoubliables et de véritables temps de partage. Des moments trop rares dans le jeu vidéo moderne.

It takes two avait marqué les esprits en 2021. Son successeur est bien parti pour rester lui aussi dans les mémoires. En plus d’être un jeu agréable pour tous les types de joueurs, il jouit d’un atout de poids: il n’a pas de concurrence. Et quatre ans après l’énorme succès de son prédécesseur, cela tient presque du miracle de ne pas en avoir vu arriver. Comme quoi, savoir créer une aventure à partager réellement est un véritable talent qui devient trop rare.

Melinda Davan-Soulas