Split Fiction: on a joué au successeur de "It takes two" en duo avec son créateur

Il a provoqué de multiples engueulades entre amis, peut-être même des divorces et des réconciliations. Quand on le lui dit, Josef Fares s’en amuse. Depuis quelques années, de Brothers: Tale of two sons à It Takes Two en passant par A Way Out, le créateur libano-suédois est devenu le fer de lance du jeu coopératif innovant et moderne. Celui que l’on peut partager sur son canapé avec un proche ou un ami sans avoir besoin de se ruer en ligne et d’enfiler un casque.
Un genre qui se fait bien trop discret alors qu’il est sans cesse couvert d’éloges. "Franchement, après le succès de It Takes Two, je pensais vraiment voir plus de jeux dans le même style", s’étonne auprès de Tech&Co Josef Fares, le créateur du Jeu de l’année en 2021. "It Takes Two, c’est 20 millions de jeux vendus, A Way Out près de 10 millions. Les gens aiment visiblement ça."

Et c’est vrai qu’il est étonnant de ne pas en avoir vu davantage fleurir un peu partout après le succès des aventures de Cody et May, un couple en crise transformé en poupées et obligé de collaborer pour sauver leur fille. Mais Hazelight Studios, derrière ces jeux coopératifs, ne change pas son fusil d’épaule et se permet même d’être encore plus audacieux.
Des univers à démêler en collaborant
À l’occasion de la cérémonie des Game Awards, jeudi à Los Angeles, Hazelight a donc présenté son nouveau jeu, Split Fiction. Un jeu d’action-aventure coopératif en écran partagé qui promet de repousser une fois de plus les limites du genre en intégrant des mécaniques innovantes de gameplay. Mais la jouabilité ne se fait pas au détriment de l’histoire. Une fois encore, la narration sera essentielle pour l’immersion, l’implication et l’envie de collaboration.
Split Fiction raconte l’histoire de Mio et Zoe – des noms empruntés aux filles de Josef Fares -, deux écrivaines amateurs qui se retrouvent dans une simulation inspirée de leurs propres histoires qu’elles venaient de déposer à un éditeur peu scrupuleux. Si Zoe écrit des histoires de fantasy, Mio ne jure que par la science-fiction. Les deux jeunes filles aux caractères opposés vont ainsi devoir collaborer pour se sortir de cette situation chaotique alors qu’elles basculent d’un univers à l’autre.
Le contraste entre ces deux univers et les personnages est au cœur de l’expérience. C’est à travers leurs différences que Mio et Zoe apprennent à coopérer et c’est ce qui rend l’histoire aussi captivante," explique Josef Fares.
En amont de la présentation, nous avons pu prendre en main le jeu. Et qui de mieux comme acolyte de coopération que son créateur lui-même. Le jeu alterne les niveaux fantasy et de science-fiction. Des univers graphiquement bien marqués, proche d’un film d’animation façon Shreck pour le premier, d’un Mass Effect lumineux pour le second. Puis, le contexte de la simulation altérée le permettant, on pourra retrouver des éléments de l’un dans l’autre: un dragon dans un décor futuriste ou bien un gadget tech aux abords d’un château médiéval.

Si vous avez joué à It Takes Two, certaines mécaniques de jeu, réflexions de collaboration et automatismes vont rapidement revenir. Hazelight Studios a pris quelques habitudes que l’on retrouve avec plaisir. Mais cela n’empêche pas l’innovation dans le gameplay et, sur ce point, Split Fiction semble bien parti pour exceller. Chaque niveau dont nous avons pu avoir un aperçu (8 à 10) propose une mécanique différente. Aucune redondance en vue ni impression de tourner en rond. Il faut être malin et comprendre vite chaque nouvelle situation, s’adapter à un nouvel environnement.
"Créer des jeux qui rassemblent les gens"
Nous avons ainsi pu courir et grimper, utiliser un grappin ou une arme futuriste, activer des modules, nous transformer en différents animaux pour surmonter des obstacles, faire du snowboard, nous muer en dragon avant de nous retrouver en cochons péteurs, atout pour aller d’un point surélevé à un autre.
"Ce que nous avons voulu créer, c’est une expérience où les joueurs communiquent en permanence et découvrent ensemble de nouvelles mécaniques," résume notre comparse de la démo. "Chaque niveau apporte quelque chose d’unique, que ce soit un nouvel environnement ou une mécanique inédite." Et pour passer d’un environnement à l’autre, il faut chercher les portails sous forme de bug visuel dans les niveaux. Les personnages comme l’environnement changent alors du tout au tout.

Si l’écran apparaît divisé pour les joueurs, Split Fiction mise sur une parfaite entente et une synchronisation pour résoudre les énigmes et progresser, parfois de manière coordonnée, parfois en activant des mécanismes ou utilisant son propre pouvoir pour aider son acolyte. Il faut communiquer manette en main autant que Mio et Zoe à l’écran, deux inconnues qui doivent apprendre à se connaître pour collaborer et voir leur relation évoluer pour atteindre leur objectif.
"Notre objectif est de créer des jeux qui rassemblent les gens," avance Josef Fares. "Avec Split Fiction, nous voulions raconter une histoire touchante sur l’amitié et la collaboration, tout en offrant une expérience de gameplay vraiment innovante." Le jeu est d’ailleurs en ce sens particulièrement riche avec une histoire principale, mais aussi des niveaux secondaires dans chaque monde qu’il faut découvrir cachés dans le décor (à ne pas rater sinon il faudra tout recommencer !), avec un changement soudain et radical d’environnement, d’ambiance et de mécanique de jeu.
De l’inventivité à tous les échelons
Fidèle à sa philosophie, Hazelight montre une fois encore que le jeu collaboratif sur canapé à de beaux jours devant lui et n’est pas seulement l’apanage de Nintendo. It Takes Two avait d’ailleurs tardé à s’y implanter.

Split Fiction mise autant sur son style graphique marqué et changeant que sur son histoire forte, son originalité, son brin de folie et son humour, dans les dialogues comme les situations, mais aussi un côté touchant évident, marque de fabrique aussi du studio suédois. Un élément non négligeable pour plonger dans l’histoire. Ici, tout est différent et se complète à merveille, comme ses héroïnes, la blonde et la brune, l’enjouée et la téméraire. Mais c’est surtout l’inventivité et la variété des mécaniques de jeu qui font mouche. Reste à voir sur la longueur si le jeu brille autant d’ingéniosité, de besoin d’entente et d’échange, que lors de notre heure de jeu.
Le jeu édité par Electronic Arts Originals arrivera le 6 mars 2025 (PS5, Xbox Series et PC) avec de sérieux arguments pour donner envie de jouer à plusieurs sur son canapé. Et même en ligne, car il sera compatible avec le Friend Pass, cette possibilité de jouer à distance avec un ami, même s’il n’a pas le jeu.