On a testé Bewe, un jeu mobile pour réduire ses addictions alimentaires

Utiliser le jeu vidéo comme remède aux addictions, c'est l'idée portée par Bewe Lab. Présente à Vivatech, la startup suisse a fait la démonstration de son application Bewe qui a pour objectif de réduire les addictions alimentaires de ses utilisateurs.
Pour y parvenir, cela prend la forme d'un jeu vidéo qui utilise la répétition de mouvements. Ces répétitions visent à détourner les utilisateurs des aliments gras ou sucrés, considérés en grande partie comme responsables du surpoids et de l'obésité.
Un effet secondaire à l'origine
À l'origine du projet, Lucas Spierer, directeur de laboratoire de recherche en neuroscience à l'Université de Fribourg, cherchait à développer une interface servant à la rééducation moteur post-AVC. Il créera ensuite Neuria, l'ancêtre de Bewe, qui n'avait pourtant pas vocation à devenir une application pour combattre les addictions.
Lors des tests, l'équipe "s'est rendu compte qu'il y avait de gros effets secondaires sur les patients", explique à Tech&Co Barnabé Delarze, en charge du développement business de l'entreprise. "Ils ont observé des changements dans leurs préférences vis-à-vis des objets qui apparaissaient à l'écran."

Cette découverte a redirigé l'axe de recherche de l'équipe. Elle a dès lors tenté d'exploiter ce potentiel pour influencer le mode de consommation alimentaire des utilisateurs.
"Bewe est née d'une volonté de rendre cet outil disponible au plus grand nombre et pour essayer de réduire les coûts de la santé qui sont énormes, notamment avec les médicaments contre le surpoids et l'obésité", explique Barnabé Delarze.
Un jeu vidéo comme interface
Lorsqu'on allume pour la première fois Bewe, l'utilisateur doit sélectionner les aliments dont il voudrait réduire sa consommation: hamburgers, sodas, kebabs, etc. Après avoir fait ses choix, le jeu se lance.
L'interface se sépare alors en deux. En haut, apparaissent aléatoirement des aliments sains (légumes, fruits) ou les aliments addictifs que l'on a choisis précédemment. En bas, on va retrouver différents jeux comme un casse-briques par exemple.
Il faudra tirer vers soi les aliments sains et ne pas toucher aux aliments gras et sucrés. Cela va créer une balle dans le casse-briques situé dans la partie basse de l'écran.

L'application fonctionne avec un système de progression et d'amélioration de compétences. L'objectif est de "rendre le jeu assez ludique pour que les gens reviennent, mais on n'essaie pas non plus de le rendre addictif", précise Barnabé Delarze.
Avant sa sortie, la startup suisse prévoit d'implémenter d'autres mini-jeux ainsi que d'ajouter d'autres plats à la liste des aliments considérés comme addictifs et nocifs.
La répétition pour dissuader
Le jeu vidéo vient seulement accompagner l'interface en y ajoutant une dimension ludique. Prendre ou laisser les aliments reste l'action qui aura un réel impact sur le patient.
"On va jouer sur la répétition, sur des informations visuelles. On va visualiser un aliment ou une boisson sucrée par exemple et associer cette image avec une action physique de bouger le doigt, de prendre ou de ne pas prendre justement. Ça va reconditionner notre cerveau pour être moins attiré vers ces aliments, quand on les voit dans la vraie vie", développe Barnabé Delarze.
Un exemple phare est le cas d'une patiente qui buvait presque un litre et demi de soda par jour. Après plusieurs semaines passées sur l'application, "elle était complètement dégoûtée du soda", raconte-t-il.
Bewe prévoit d'arriver sur les magasins d'application en début d'année 2026. À l'avenir, la société cherche même à diversifier les addictions qu'elle veut combattre en incluant "le tabac, l'alcool ou les drogues douces". À voir, si l'application aura un réel impact sur les modes de consommation de ses utilisateurs.