League of Legends, Rocket League... La Karmine Corp s'installe dans son propre stade pour une première "historique"

Pour la première fois, un club français d'esport va affronter d'autres équipes à domicile. Ouverture des hostilités ce 20 septembre avec League of Legends.

La Karmine Corp, l'un des clubs d'esport les plus populaires de France, s'installe à partir de vendredi dans sa propre enceinte, une salle pouvant accueillir plus de 2.000 fans: un rendez-vous "historique" pour l'esport français et européen.

C'est le jeu vidéo League of Legends qui inaugurera cette grande première vendredi soir avec un quart de finale de Coupe de France. Puis le lendemain, les "Arènes de l'Agora", une salle nouvellement rénovée située à Évry en région parisienne, accueilleront du Rocket League pour un événement alliant esport, divertissement et rencontre avec les supporters. 

"Pour la première fois en France et en Europe, un match officiel d'une équipe d'esport aura lieu dans le stade de cette équipe. C'est une première historique qu'un match officiel se joue à domicile", explique à l'AFP Arthur Perticoz, le directeur général du club. "C'est un sacré saut dans l'inconnu."

Aujourd'hui, la plupart des compétitions de jeux vidéo dans le monde se déroulent en effet en ligne ou dans des studios gérés par des éditeurs ou des organisateurs de tournois. Mais à l'instar des sports traditionnels, les clubs d'esport aspirent désormais à disposer de leurs propres stades pour ainsi pouvoir générer de la billetterie. 

Le mouvement est venu de Chine où plusieurs clubs ont déjà créé leur propre enceinte: c'est le cas notamment de quatre équipes de la LPL, le championnat local de League of legends. Mais c'était jusqu'à présent du jamais-vu sur le Vieux continent. 

Une nouvelle source de revenus

"Historiquement, l'esport est confronté à deux manques qui sont la billetterie et les droits médias", poursuit Arthur Perticoz. "Il est fondamental de faire émerger de nouvelles sources de revenus. C'est donc une étape très importante dans la croissance du club, on passe encore un cap avec notre propre salle."

Pour la Karmine Corp, il s'agit donc d'une nouvelle preuve de l'immense succès populaire de ce club né il y a à peine quatre ans. En un temps record, la "KCorp" a connu un développement fulgurant et s'est construit une incroyable fanbase. 

Il y a un an, le club avait par exemple réuni quelque 29.000 de ses supporters à Paris La Défense Arena, la plus grande salle de spectacle d'Europe, battant des records d'affluence pour le secteur. En 2022, c'est l'Arena de Bercy qui avait fait le plein. 

L'équipe espère désormais que d'autres structures suivront dans leurs pas afin que le secteur dans son ensemble franchisse un nouveau cap. "On va être très regardé par les éditeurs de jeux du monde entier car cela pourrait changer le business model", veut croire Arthur Perticoz. 

"Pour le secteur de manière générale, symboliquement c'est un moment assez important", confirme Nicolas Besombes, sociologue de l'esport. "Au-delà de la KCorp, c'est indéniablement un moment qui peut constituer une nouvelle étape pour l'esport français et européen."

"En termes de diversification des sources de revenus, en termes d'aspect événementiel, de fidélisation de la fanbase, de toucher des nouveaux publics et ainsi de suite, ça ouvre pas mal de perspectives."

La "KCorp" a signé un bail de cinq années avec les "Arènes de l'Agora", propriété de l'agglomération Grand Paris Sud, et espère y organiser jusqu'à 10 événements par an.

"On a pris le risque, on pose les premières pierres et on est convaincu que cela va faire des petits", affirme Arthur Perticoz. "Car être les premiers, c'est bien. Etre les seuls, ce n'est pas si bien." 

R.G. avec AFP