"Doom": plus de 30 ans après, que reste-t-il de la saga destructrice?

Doom: The Dark Ages - Bethesda
Du métal qui résonne sur le champ de bataille, un décor sombre et gothique, un bouclier-tronçonneuse qui gicle et découpe des ennemis, des tirs qui partent dans tous les sens pour décimer les lignes adverses. Pas de doute, vous êtes bien dans Doom. De retour même dans l’univers apocalyptique d’une licence initiée en 1993 par John Carmack, John Romero, Adrian Carmack et Paul Hall, qui quittera rapidement le projet, estimant que le rendu final est très loin de la vision initiale.
Du haut de ses 32 ans bientôt, la saga d’Id Software s’offre un nouvel épisode qui veut dépoussiérer un peu les codes institués depuis ses débuts. Avec Doom: The Dark Ages, c’est un retour aux sources, mâtiné d’un soupçon de modernité qui va s’offrir aux joueurs PS5, Xbox Series et PC dès le 15 mai.
Car voilà plus de trois décennies que Doom a défini les règles du FPS (jeu de tir à la 1re personne) avec pour vue principale son arme, ou plutôt ses armes plus étranges les unes que les autres. Il a également posé certains éléments clés comme le côté musclé du gameplay, le rythme frénétique, le mode multijoueur aussi (en local d’abord). Doom lui ajoute une certaine violence et un univers médiéval gothique tendance sataniste. Cela deviendra sa marque de fabrique et fera aussi sa renommée.
Doom, le pionnier du FPS
Quatre ans après Doom Eternal et neuf ans après Doom, reboot de l’épisode initial, The Dark Ages vient puiser à son tour dans les racines de la franchise en se positionnant en prequel de l’épisode de 2016. On y suit l’éclosion du Slayer (préalablement appelé Doomguy), dernier espoir face aux forces de l’Enfer qui s’abattent sur le royaume, et ses premiers pas sur terre, dans un univers technologique et médiéval.
Plus beau, plus nerveux et encore plus riche, Doom: The Dark Ages est un bel hommage à l’esprit de la saga dont il reprend les fondamentaux. On reste en vue à la 1re personne (hors cinématiques) et seules nos armes les plus dingues sont visibles sur le terrain. À la différence de Doom Eternal qui paraissait plus arcade, The Dark Ages se reconcentre sur un gameplay plus direct, dans des espaces variés, avec plus de profondeur de jeu.

Nous avons pu nous essayer plus de trois heures au prochain opus édité par Bethesda. Si l’on retrouve des niveaux assez linéaires et classiques de Doom, l’univers proposé est cette fois plus vaste à explorer, avec des secrets à débloquer, des objets à débusquer et des rencontres à faire. Chaque niveau comporte de grandes zones très diverses où l’on progresse face à des vagues d’ennemis très différents (ville en feu, château, airs, bâtiments…). C’est peaufiné, assez riche et varié pour prendre un réel plaisir à envoyer notre héros au combat.
Le Slayer va monter en puissance au fil de ses aventures, récupérant toutes les armes dont il a besoin (fusil, mitraillette, bouclier qui devient une scie sauteuse). Le bouclier est particulièrement redoutable à utiliser pour envoyer de nombreux adversaires au tapis d’un seul geste, ouvrir certains environnements ou se projeter à la verticale. Le jeu gagne d’ailleurs énormément en verticalité dans sa progression et ses combats, et propose ainsi une vision plus moderne du FPS sous les ténèbres. On hérite aussi d’un gantelet de fer à récupérer pour armer son poing et faire des dégâts supplémentaires au corps-à-corps. C’est assez jouissif à utiliser face à des ennemis extrêmement costauds.

Jubilatoire, plus complet et plus moderne
L’accent a aussi été mis sur la narration, qui fut longtemps une excuse pour zigouiller à tout-va. Elle paraît plus profonde, avec une quête derrière la simple guerre contre les Forces de l’Enfer qui ont envahi un monde situé à l’extérieur de notre dimension. Ces derniers veulent prendre le pouvoir en ouvrant les portails de protection. Ils vont faire face à un héros qui débute ses aventures de tueur de démons à l’époque des Sentinels.
"La narration est devenue une partie significative de la franchise depuis deux épisodes," explique Hugo Martin, le directeur du jeu. "Les cinématiques vont permettre aux joueurs d’avoir le narratif et l’explication de l’action à mener. Cela rend le tout excitant et facile à aborder".
Et c’est l’une des forces en vue de ce Doom: The Dark Ages. Il paraît plus abordable que ses prédécesseurs pour les nouveaux venus. Il n’y a pas besoin d’être familier avec le lore pour comprendre ce qu’il se passe, le fait aussi d’être dans une aventure qui se déroule avant même le premier épisode. "C’est un bon point d’entrée pour tous les joueurs", se félicitent ses créateurs.
Pour enrichir l’expérience de jeu, Id Software a donc misé sur la variété d’environnements, de possibilités aussi. Le Slayer ne se contente pas de décimer les ennemis sur terre. Il peut aussi se retrouver à piloter un dragon mécanique, dans la peau d’un mécha géant ou à l’assaut d’un vaisseau surplombant une ville qu’il faut détruire de l’extérieur comme de l’intérieur.
Après quelques heures au combat, Doom: The Dark Ages se présente comme une entrée facile et enthousiasmante dans la saga. Il y a quelque chose de jubilatoire dans l’approche des combats — plus polyvalents avec aussi des options de mêlée —, la variété des environnements auxquels s’essayer, et la façon d’aborder les ennemis à penser en entrant sur l’aire de jeu. À cela s’ajoutent quelques énigmes à résoudre pour débloquer des zones et des accès. On meurt souvent, on revient plus fort et on retourne tête baissée au combat avec plaisir. La mue de la franchise semble définitivement en bonne voie.