Cléopâtre pour diriger la France? "Civilization VII" fait sa révolution

Civilization VII - Firaxis Games
Voilà huit ans que les fans de la saga n’avaient plus eu de nouveautés à se mettre sous la dent, si ce ne sont de nouveaux leaders et quelques améliorations. De là à dire que le jeu phare de la stratégie au tour par tour se reposait quelque peu sur ses lauriers depuis la sortie de Civilization VI en 2016, il n’en faudrait pas beaucoup.
Mais cela fait 33 ans que Sid Meier a eu l’idée de transformer les joueurs en empereur, reine ou autre chef d’État à la tête des plus grandes civilisations de l’histoire et le moins qu’on puisse dire, c’est que le succès ne s’est pas démenti depuis. Malgré les tentatives adverses de dérober la couronne...
"C’est un jeu qui parle aux gens. Ils aiment penser à l’histoire de l’humanité et savoir comment ils auraient pu la faire tourner autrement", explique à Tech&Co Ed Beach, directeur créatif du jeu chez Firaxis Games.
"Parfois, ils veulent construire quelque chose de cool, parfois simplement se sentir puissants et avoir un véritable empire. Ou bien faire changer une culture spécifique." S’il y avait déjà eu des tentatives de jeu stratégique au tour par tour autour de la science-fiction ou de la fantasy, c’est l’angle historique de "Civ" qui a su séduire.
Une concurrence qui se modernise plus vite
Néanmoins, l’arrivée ces dernières années de titres comme Humankind et prochainement Ara: History Untold ont apporté un souffle nouveau et dépoussiéré le genre avec plus de diversités et de dynamisme. Juste ce qu’il fallait pour pousser Civilization à faire aussi sa mue.
Le jeu garde son concept initial: vous devez prendre en main une civilisation. À chaque tour, faire grossir, grandir, élever votre empire en choisissant son orientation (culture, science, militaire, etc.). Et ce, à travers les siècles et les millénaires, à coup de créations de villes, de monuments et de peuples. Un concept initié en 1991 et qui n’avait pas changé d’un iota depuis.
"On a commencé à travailler sur le jeu au début de la pandémie de Covid", se rappelle Ed Beach. "Pour faire un nouvel opus, il nous fallait une idée qui différencie le jeu des précédents et ne pas faire juste le même jeu en plus beau graphiquement. On voulait un nouveau défi en tant qu’équipe de design et une nouvelle idée à explorer pour les joueurs."
Présenté plus en profondeur lors de la Gamescom, le salon du jeu vidéo qui se tient à Cologne (Allemagne) cette semaine, Civilization VII a décidé de garder son ADN tout en changeant des fondamentaux. Et le premier changement de taille concernera les joueurs dès le lancement de la partie. Car désormais, choisir un leader n’oblige plus à choisir la civilisation à laquelle il a appartenu.
"On sait que notre jeu était très long auparavant et, avec les différentes villes, les unités, tout cela à gérer, arriver à la fin du jeu était chronophage", ajoute-t-il. "Nous avons choisi de séparer le jeu en trois parties et de là est née l’idée de nouveaux Âges. Cela améliore grandement le rythme."
Une inspiration venue des séries TV
Apporter un rythme nouveau, inspiré des séries TV qui se coupe en parties désormais et des chapitres des livres, tel est le souhait de Firaxis pour ne pas risquer de perdre en route des joueurs devenus de moins en moins patients avec le temps.

"On apporte un climax aussi à la fin de chaque âge, qui va durer environ 200 tours: il se passera un événement qui va tout bouleverser. Dans l’histoire des civilisations, il y a toujours eu ça: la chute de Rome, la fin de l’empire mongol, des invasions, etc. On est fidèle à la réalité historique", martèle Ed Beach. Chaque âge se termine ainsi sur une crise à gérer, parfois climatique en prime. Mais si vous la surmontez, un nouvel âge d’or et une popularité au sommet s’annoncent.
Pour cette nouvelle vision de Civilization, Firaxis s’est d’ailleurs adjoint les services d’historiens au sein de son équipe de création. "Ils vont nous aider à créer des modèles historiques et à concevoir le système de narration du jeu, un tout nouveau système avec des histoires sur les leaders et les civilisations", ajoute le responsable.
Si, par le passé, la franchise avait par essence pris quelques libertés avec la véracité historique — on pouvait quand même faire s’affronter Napoléon et Cléopâtre !—, cette fois-ci, certains points vont nécessiter un fond véridique. Car à la fin de chaque âge, il vous sera proposé une sélection de nouvelles civilisations parmi lesquelles éventuellement choisir une de remplacement. Mais les choix proposés ne seront pas faits au hasard. Ils vont correspondre à vos actions, l’orientation prise avec la précédente et la façon dont vous avez géré vos habitants, unités, vos challenges. La situation géographique comptera également pour proposer des civilisations crédibles autour de vous (vous n’aurez pas les États-Unis en ayant pris une civilisation asiatique pour commencer).
Du changement dans la continuité
Nous avons eu l’opportunité de tâter une bonne heure de la nouvelle version en choisissant notre leader (Hatchepsout) et une civilisation (Empire aksoumite, Ethiopie). Évidemment, en optant pour l’Égypte, nous aurions eu des bonus de cohérence, mais cela aurait été moins drôle.
Premier constat: vous ne serez pas chamboulé par la prise en main si vous êtes un habitué, vous ne serez pas perdu si vous êtes un nouveau venu. Les réflexes restent les mêmes que pour Civilization VI: les cases octogonales avec leurs ressources, les villes à construire, les unités militaires à envoyer patrouiller ou explorer. Les camps barbares ont disparu, mais d’autres de population sont à découvrir.
Des "Legacy path" font leur apparition pour enrichir et dynamiser la partie. Au fil des tours, on vous demandera de sélectionner des objectifs à remplir (tracer une route, négocier, affronter, opter pour une culture, etc.). Ils sont facultatifs, mais auront un impact sur votre civilisation et son évolution. Ils peuvent également servir de points de bonus ou malus. Réussis, ils ouvriront d’autres perspectives. Et cela a surtout le mérite de ne faire ressembler aucune partie à une autre.

Le système de diplomatie a été revu et apporte aussi du changement. Car l’intelligence artificielle sera évidemment là pour rendre les interactions plus subtiles et en rapport avec vos agissements. L’IA servira aussi à animer le conseiller choisi selon votre orientation de civilisation pour vous aider à évoluer.
Plus de trois décennies après son intronisation, Civilization va donc connaître une première révolution. Et Firaxis ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. À l’avenir, des thématiques plus actuelles seront ajoutées comme le changement climatique. "Nous nous concentrons essentiellement sur l’histoire, mais nous aimerions explorer d’autres sujets comme celui-ci qui a un impact sur l’évolution de nos civilisations", insiste Ed Beach.
CIVILIZATION VII —Disponible le 11 février 2025 sur PS5, Xbox Series, Nintendo Switch, PC, Mac et Linux.