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"C'est clairement un problème": pourquoi vos parties de Pokémon Go pourraient un jour profiter à l'armée

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Niantic, le créateur de "Pokémon Go", a jugé "tout à fait envisageable" la possibilité de vendre son modèle d'intelligence artificielle aux gouvernements ou à l'armée.

Pokémon Go, un outil d’espionnage des services de renseignement américain? C’est la théorie un peu folle qui circulait en 2016, lors de la sortie du jeu. 

Si la thèse a depuis été réfutée, vos parties de Pokémon Go pourraient bel et bien un jour profiter à l’armée. C’est en tous cas ce qu’a déclaré Brian McClendon, vice-président de l'ingénierie de Niantic et ancien co-créateur de Google Earth, Street View et Google Maps, comme le rapporte 404media.

"Tout à fait envisageable"

Interrogé par un membre de Bellingcat, un collectif indépendant d’investigation numérique lors d’un de leurs événements, le dirigeant a confirmé que les données de Niantic, basées sur des millions de scans 3D réalisés par les joueurs, pourraient être vendues aux gouvernements ou à l’armée. "C’est tout à fait envisageable", a-t-il expliqué.

"La question est de savoir ce qu’il (l'acheteur, ndlr) ferait de ce modèle. Si c’est pour utiliser les données dans un contexte militaire pour amplifier la guerre, c’est évidemment un problème" concède-t-il.

La semaine dernière, Niantic a en effet dévoilé son modèle d'IA baptisé "grand modèle géospatial" (LGM). Le principe? Utiliser les scans 3D réalisés par les utilisateurs de ses différents jeux et applications, comme Pokémon Go, pour mieux comprendre les environnements en 3D. Une nouvelle cartographie du monde en trois dimensions, qui pourrait ainsi améliorer la réalité augmentée, la robotique ou encore les systèmes autonomes.

"Nous utilisons les scans de lieux publics du monde réel fournis par les joueurs pour construire notre Grand Modèle Géospatial", confirme Niantic dans un communiqué. Toutefois, "le simple fait de se promener en jouant à nos jeux ne permet pas d'entraîner un modèle d'IA." En effet, les scans sont réalisés lors d'actions spécifiques, par exemple lorsque le joueur utilise la fonction "appareil photo".

Un million de nouvelles photos chaque semaine

L'éditeur a également lancé une fonction baptisée "Pokémon Playground". Cette nouveauté permet aux joueurs de placer un Pokémon dans le monde réel pour que d’autres puissent le voir. Et cela implique de scanner les lieux en détail, en capturant des images sous différents angles. Résultat, un million de nouvelles photos enrichissent chaque semaine la base de données de Niantic, pour alimenter le modèle en question.

Pour le moment, "le LGM est en cours de développement. Il faudra encore des mois, voire des années, avant qu'il ne débouche sur un quelconque produit", a déclaré un porte-parole de Niantic, interrogé par 404média sur une éventuelle vente des données à des gouvernements.

"Comme pour tout type d'IA, des questions importantes se poseront et nous les aborderons de manière responsable et réfléchie" appuie-t-il.

Pokémon Go est un jeu mobile qui consiste à se déplacer physiquement pour attraper des Pokémons grâce à un système de réalité augmentée. Avec une petite particularité: les créatures apparaissent en fonction de la typologie du lieu.

Depuis sa création en 2016, Pokémon Go a rapporté à sa maison mère pas moins de 8 milliards de dollars selon le site Appmagic. Bénéficiant d'évolutions régulières, le jeu mobile a su satisfaire ses 657 millions de joueurs.

Salomé Ferraris