Affaire de harcèlement chez Ubisoft: le PDG Yves Guillemot convoqué devant la justice

Le PDG d'Ubisoft Yves Guillemot lors de la conférence Ubisfot Forward à Los Angeles, le 9 juin 2024. (Photo d'archive) - David SWANSON / AFP
Épargné par la justice en juin lors du procès des trois anciens hauts cadres jugés pour harcèlement moral et sexuel, Ubisoft pourrait bien refaire un tour devant la justice. L’éditeur français de jeux vidéo a indiqué à Tech&Co qu’une citation à comparaître avait été délivrée à l’encontre d’Yves Guillemot. Le PDG de l’entreprise devra se présenter devant le tribunal de Bobigny (Seine–Saint-Denis) le 1er octobre prochain.
La citation à comparaître a été déposée par le syndicat Solidaires Informatiques et quatre personnes physiques, "les mêmes parties civiles" que lors du procès de Serge Hascoët, ancien directeur créatif d’Ubisoft, Tommy François, ancien responsable adjoint du service éditorial, et Guillaume Patrux, réalisateur de jeux. Selon le géant français, la convocation est fondée sur les mêmes faits que ceux jugés à la suite d’une enquête du Parquet. Ce dernier avait estimé qu’il n’y avait pas lieu d’engager de poursuites pénales contre Ubisoft ni contre son dirigeant, au grand regret des parties civiles.
La directrice des ressources humaines également citée à comparaître
Ces derniers, comptant notamment le syndicat Solidaires Informatiques, n’ont jamais caché qu’ils iraient plus loin et avaient déjà annoncé avoir envoyé la citation à l’intention d’Yves Guillemot, chose réfutée par Ubisoft. Interrogé sur l’information de Tech&Co, un élu syndical confirme l’envoi de la convocation le mois dernier. "Il était absent et sa famille avait refusé de prendre l’assignation à sa place", affirme-t-il. La DRH Marie Derain, qui travaillait à l’éditorial au moment des faits, a également été citée à comparaître. Ubisoft en tant que personne morale est également convoquée.
Les employés de l’éditeur ont été informés par mail ce vendredi 22 août des poursuites engagées contre Ubisoft par un syndicat. Dans un communiqué datant de la fin mai avant l'ouverture du procès en juin conclu par de la prison avec sursis et des amendes, Solidaires Informatiques avait indiqué vouloir faire la lumière sur "le caractère systémique du harcèlement chez Ubisoft" en voulant, dans la continuité du procès, faire comparaître le PDG Yves Guillemot et la DRH pour "faits de complicité de harcèlement sexuel et moral."
Le syndicat voulait faire répondre l’entreprise de "harcèlement moral et sexuel, harcèlement moral et sexuel environnemental, harcèlement sexuel institutionnel, agression sexuelle et blessures involontaires".
Cette procédure est rendue possible par la justice qui permet à des victimes de convoquer un auteur présumé de faits devant un tribunal correctionnel. Ni Ubisoft ni les parties civiles n’ont cependant voulu indiquer le motif de la citation à comparaître reçue par les deux dirigeants.
Des rebondissements en vue?
Si les syndicats veulent montrer un lien entre l’encadrement et les comportements toxiques des trois ex-employés, la direction a toujours nié avoir été au courant ou caché les faits et continue d’assurer n’avoir rien à se reprocher, la justice lui ayant déjà donné raison.
Tandis que les syndicats promettent, eux, des surprises à venir, Ubisoft reste fidèle à sa ligne de conduite et ne cesse d’affirmer "continuer à apporter son concours à la justice à chaque fois que nécessaire comme au cours de ces cinq dernières années".
"Notre priorité est de s’assurer du respect absolu de l’intégrité physique et morale de nos salariés, dans le cadre d’une politique de prévention et de tolérance zéro en matière de harcèlement sexuel ou moral, d’agissements sexistes, d’agression, d’injure ou de discrimination de quelque nature que ce soit", a assuré Cécile Russeil, vice-présidente exécutive d’Ubisoft.