30 ans de la Playstation: dix choses que vous ne saviez sans doute pas sur les consoles de Sony

Si en 2024, on fêtait la sortie japonaise de la première Playstation, ce 29 septembre 2025 correspond aux trente ans de l'arrivée en Europe de la marque. Elle a su marquer l'histoire du jeu vidéo, mais s'est surtout enrichie d'innombrables nouveaux modèles au fil des décennies, jusqu'à devenir l'une des plus puissantes dans le monde des consoles.
Face à Xbox, qui semble encore chercher sa voie dans ce secteur, et aux côtés d'un Nintendo qui se réinvente hors du cadre imposé de la seule console de salon, avec la Switch, Sony a traversé les années en proposant à la fois des consoles avant-gardistes et des franchises marquantes.
Un lancement... grâce à Nintendo
L'anecdote est connue des joueurs les plus aguerris: Nintendo a permis à la Playstation de voir le jour de manière totalement involontaire. Alors que Sony n'est qu'un spécialiste du lecteur CD, l'entreprise japonaise se rapproche de Nintendo afin de concevoir un lecteur cd-rom à destination de la Super Nintendo.
On connaît la suite. Malgré la signature d'un partenariat, Nintendo décidera de planter Sony, poussant la société à concevoir sa propre console, la Playstation. Le constructeur aura eu le nez creux: elle est la sixième console la plus vendue au monde avec plus de 100 millions d'exemplaires écoulés.
Ironiquement, trente ans plus tard, Sony va enterrer la hache de guerre en lançant sur Switch son tout premier jeu maison: Lego Horizon Adventure.
Une Playstation 2 qui a créé des émeutes
Avec son lecteur DVD et son prix abordable (680 euros en prenant en compte l'inflation, 450 euros à l'époque), la Playstation 2 réalise un véritable carton à travers le monde. En l'espace de 48h, elle s'écoule à près d'un million d'exemplaires au Japon. Au total, ce sont 160 millions de consoles qui seront vendues jusqu'à sa fin officielle de production, douze ans plus tard (en 2012).
Des scènes marquantes restent encore aujourd'hui difficilement imaginables. Sur les Champs Elysées, le lancement à minuit de la PS2 provoque une émeute au sein du Virgin Megastore. La console a marqué le jeu vidéo bien avant le raz de marée de la Wii.
Les consoles des "J-RPG"
En trente ans, les différentes consoles Playstation auront connu un catalogue à la hauteur de leur succès. Quelle que soit la génération, chacune des consoles aura connu son lot de jeux cultes. Mais lors des deux premières générations, Sony va pouvoir compter sur le soutien d'éditeurs japonais, en particulier Square Enix.
Ce dernier va abandonner Nintendo et proposer Final Fantasy VII sur Playstation. A l'époque, Square Enix est loin d'imaginer qu'un remake en trois parties sortira finalement plus de 25 ans après. Mais il n'est évidemment pas seul. Les fans de jeux de rôle japonais (J-RPG) en auront pour leur argent avec Dragon Quest VIII, Xenogears, Chrono Cross, Parasite Eve, Star Ocean, Persona, Kingdom Hearts, Dark Cloud, Final Fantasy X, X-2, XII, Final Fantasy XIII, ou encore Rogue Galaxy.
Deux consoles portables à l'ombre de Nintendo
Alors que Nintendo connaît un succès toujours plus insolent avec ses consoles portables, les Game Boy, Sony va lancer le développement de la Playstation portable, la PSP, et la sortir en 2004. Le succès n'est pas aussi important de la DS, bien plus accessible, mais elle va tout de même se vendre à plus de 80 millions d'exemplaires. Malgré tout, le format qu'elle impose, des UMD-Disc, n'aura jamais le succès espéré par Sony.
Pour la PS Vita, sa seconde console portable, le constructeur japonais va, comme la 3DS, subir l'engouement des consommateurs pour le jeu sur smartphone. Malgré une fiche technique particulièrement séduisante (notamment avec son écran Oled et ses capacités graphiques nettement supérieures à la console portable de Nintendo), c'est déjà le début de la fin. Lancée en 2012 avec des jeux au format cartouche, elle n'est pas aidé par un catalogue relativement décevant au regard de celui que l'on retrouve sur Playstation 3 et 4.
Elle est très vite mise de côté dans la communication officielle, et sa version uniquement dématérialisée - qui était précurseur à l'époque - avec aucun slot cartouche, fait un flop face à la fronde des revendeurs refusant de la proposer dans leurs rayons.
C'est, à ce jour, la dernière vraie console portable de Sony. L'entreprise a néanmoins lancé le Playstation Portal, qui ne sert que d'écran d'affichage à une Playstation 5 qui doit rester allumée.
Le flop des débuts de la Playstation 3
Lancée à 600 euros, la Playstation 3 a la lourde tâche de succéder à la Playstation 2 et ses 160 millions d'exemplaires vendus. Problème: son processeur conçu en interne est aussi prometteur que complexe à maîtriser par les développeurs, loin des standards adoptés par Xbox à l'époque et qui se rapprochent du PC. Résultat, les studios ne suivent pas, et certains jeux n'arrivent jamais, ou alors avec beaucoup de retard, voire en étant moins beaux.
Les consommateurs ne s'y trompent pas et la console ne connaît pas le succès durant les deux premières années, poussant Sony a rapidement baisser le prix de sa console. Le constructeur est accusé de se prendre trop au sérieux, permettant à Xbox de s'imposer, notamment chez les éditeurs tiers et les studios indépendants.
Si au final, la Xbox 360 et la PS3 feront jeu égal, l'épisode aura durablement marqué l'image de Playstation chez les joueurs. On se souvient qu'au lancement de la PS3 en France, alors qu'il n'y avait personne dans la file d'attente de la Fnac des Champs Elysées, une péniche aux couleurs de Xbox 360, lancée un an plus tôt, se pavanait sur la Seine.
Une Playstation 4 qui a permis à Sony de revenir
Alors que Microsoft fait face à une fronde des joueurs à cause de la politique de dématérialisation des jeux de la Xbox One (un plan depuis abandonné), Sony joue sur le prix et les arguments marketing pour montrer aux joueurs son visage de constructeur qui a appris de ses erreurs.
Outre un prix plancher 100 euros moins cher que Xbox, la PS4 revendique la possibilité de pouvoir "prêter" ses jeux sans limite... au contraire de Xbox, avant le revirement de Microsoft. La suite est connue: sur cette génération, bien que le Japon soit moins porteur qu'avant, la PS4 va gagner haut la main la "guerre des consoles" et se vendre à plus de 117 millions d'exemplaires, contre 58 millions pour la Xbox One.
Le Playstation Network et le PS Plus se sont imposés
Si Xbox a été le premier à proposer de jouer en ligne grâce au Xbox Live, Sony a rapidement pris la mesure du potentiel de cette fonctionnalité. L'entreprise lance donc le Playstation Network sur PS2 avec des jeux coopératifs comme Socom. Il faudra néanmoins attendre la PS3 pour véritablement en profiter. Aujourd'hui, il s'agit du poste le plus rentable de la marque, notamment grâce à une consommation de plus en plus numérique de la part des joueurs.
Avec l'ajout du Playstation Plus, qui permet de s'abonner pour profiter du jeu en ligne tout en recevant chaque mois des jeux gratuits, mais aussi du Playstation Now, qui propose de jouer à des jeux des anciennes consoles, c'est le carton plein. Plus de 44 millions d'abonnés sont recensés, malgré les hausses de prix régulières.
Un constructeur devenu (grand) éditeur
Si la PS2 a surtout connu le succès grâce à son catalogue important de jeux en provenance d'éditeurs tiers, avec les années, Sony a su s'affirmer comme un développeur à part entière. Aujourd'hui, il dispose de licences particulièrement fortes comme Horizon, Uncharted, God of War sans oublier The Last of Us.
Certaines ont été adaptées au cinéma et à la télévision, ou en passe de l'être, là encore avec plusieurs succès, et même quand il ne s'agit pas d'une licence maison, comme Spider-Man, chaque exclusivité Playstation est attendue de pied ferme. Un rôle qu'avaient jusqu'ici Nintendo et Xbox.
Killzone, le "Halo-killer" oublié
Lorsque Killzone sort sur Playstation 2 en 2004, il est immédiatement présenté comme la réponse de Sony à la saga Halo, dont le succès n'est plus à prouver. Guerrilla Games est à la manoeuvre (ils signeront quelques années plus tard la saga Horizon) et veut imposer son style aussi bien au niveau du gameplay que sur la manière cinématographique de raconter une histoire.
Seulement voilà, la licence va connaître un sérieux creux après la débacle Killzone 2. Lors de son annonce en amont du lancement de la PS3, une bande annonce promise comme du "vrai gameplay" n'est en fait qu'une cinématique en images de synthèse. Après de longues années de développement supplémentaire, le jeu finit par sortir, mais ne connaît pas le succès de ses deux premiers opus et est loin d'être aussi beau que la promesse initiale. Le dernier en date, Killzone Shadowfall, qui sortira au lancement de la PS4, sera la tombe de la saga.
Vers le tout service... sans aucun succès
L'histoire de Playstation est aussi marquée par des échecs. Un des plus récents est lié à la stratégie de Sony, qui, ces dernières années, consiste à lancer tous azimuts des projets de "jeux à services" (mis à jour sur plusieurs années, avec des contenus payants ou gratuits).
A l'exception de Destiny, dont le studio Bungie a été racheté entre temps quelques milliards de dollars, le reste est encore largement en retrait. Seul Helldivers 2 a créé la surprise, tandis que que quelques mois plus tard, la catastrophe industrielle représentée par Concord, fermée douze jours après son lancement, faute de joueurs, a douché l'enthousiasme. Le projet Fairgame$, un temps porté par Jade Raymond, n'a toujours donné aucun signe de vie.
A l'image des versions PC lancées avec un succès plus que relatif, Sony semble encore loin d'avoir trouvé la bonne formule pour diversifier ses activités et ses sources de revenus.