Fin d'Internet Explorer: comment Microsoft a perdu la guerre des navigateurs face à Google et Apple

Internet Explorer sera définitivement débranché le 15 juin. - BFMTV.COM
Internet Explorer va être débranché ce 15 juin. La mort du navigateur historique avait été annoncée en mai 2021 par Microsoft dans un article de blog.
Il faut dire que le navigateur n'attirait plus les foules, avec une part de marché de seulement 0,64% en mai 2022 dans le monde - très loin derrière les leaders Google Chrome (près de 65%) et Safari d'Apple (plus de 19%), selon les chiffres de Statcounter.
Microsoft a pourtant été précurseur et leader dans la navigation en ligne, avant d'abandonner progressivement la bataille face à l'afflux de nouveaux concurrents, parmi lesquels Google et Apple.
Accusé d'abus de position dominante dès 1998
Lorsque l'entreprise de Bill Gates lance son navigateur en 1995, elle décide de le pré-installer par défaut dans son système d'exploitation Windows. Conséquence: Internet explorer devient rapidement l'acteur dominant, avec 95% de parts de marché à son apogée en 2004.
Face à cette domination du marché, les régulateurs américains accusent Microsoft dès 1998 d'user de pratiques "agressives et anticoncurrentielles" pour maintenir son monopole. L'affaire sera soldée via un accord à l'amiable en 2004.
En parallèle, la Commission européenne s'était également saisie du sujet: en 2013, le géant américain écope ainsi d'une amende de 560 millions d'euros pour avoir favorisé son navigateur au détriment de la concurrence.
Microsoft rate le tournant du mobile
Contrairement à Microsoft, les nouveaux acteurs que sont Google et Apple s'emparent du tournant mobile. Si Google existe dès 1998, il surfera sur cette nouvelle vague en achetant Android en 2005, qui n'est alors qu'une startup, pour équiper les smartphones.
Apple, qui a lancé son navigateur Safari dès 2003, sortira son premier iPhone en 2007. Les deux leaders du système d'exploitation mobile recourent alors à la méthode utilisée par Microsoft: installer par défaut leur navigateur "maison" sur les smartphones, puis les tablettes.
Une mort lente à partir de 2012
En 2012, Google Chrome, alors en pleine ascension, détrône Internet Explorer qui poursuit son déclin, après avoir été sérieusement concurrencé par Firefox. Microsoft en tire les leçons : il arrête les mises à jour sur Internet Explorer à partir de 2015. Son remplacant, Microsoft Edge, est lancé la même année en utilisant la même technologie que Google Chrome.
Durant sa longue agonie, Internet Explorer est délaissé par tous les acteurs du numérique. A tel point qu'en 2019, Chris Jackson, responsable de la sécurité chez Microsoft, incitait les internautes à ne plus utiliser ce navigateur par défaut, jugé trop peu sécurisé et peu performant.
"Internet Explorer n'est pas adapté aux nouvelles normes du Web, et même si de nombreux sites continuent de fonctionner correctement, les développeurs n'y testent plus leur site", peut-on lire sur le blog de l'entreprise.
En 2020, Microsoft va encore plus loin : il empêche d'ouvrir certains sites très populaires comme YouTube, Instagram ou encore Twitter, pour inciter les internautes à migrer progressivement vers son nouveau navigateur Edge. En août dernier, il annonce que sa suite logicielle Microsoft 365 ne prendra plus en charge le navigateur.
Edge est "plus rapide, plus sûr et offre une expérience de navigation plus moderne", tout en étant "compatible avec les sites web et applications plus vieilles", écrivait l'entreprise dans une note de blog.
Malgré le déploiement de son navigateur Edge, lui aussi préinstallé sur tous les PC du monde, Microsoft n'a jamais réussi à revenir dans la bataille. Pour beaucoup d'utilisateurs, Microsoft Edge ne sert qu'à télécharger Google Chrome, afin de synchroniser le navigateur avec leur compte Google et leur adresse Gmail.
A ce jour, Microsoft Edge ne totalise que 4% de parts de marché au niveau mondial, et 5,5% en France où il reste loin derrière Chrome, Safari et même Firefox. Une prestation bien anecdotique face à celle d'Internet Explorer lors de son âge d'or.