"N'espérez rien réparer": à 800 dollars, les nouvelles lunettes connectées de Meta ne font aucun effort pour être réparables

"Si les objets connectés doivent remplacer nos téléphones, ils doivent vieillir au moins aussi bien que nos lunettes préférées," lâche iFixit en introduction de son article revenant sur la réparabilité des Ray-ban Display, nouvelles lunettes connectées de Meta.
Le spécialiste de la réparation passe sur le grill ce produit qui est selon lui "les lunettes grand public en réalité augmentée les plus avancées jamais conçues". Un constat qui n'occulte pas le fait qu'elles sont impossibles à réparer.
Beaucoup de colle et des verres trop techniques
Il faut dire que ces lunettes disposent dans le verre droit d'un microprojecteur faisant apparaître une image en couleur de 600x600px. Si iFixit admet bien volontiers être "très enthousiasmé", c'est la douche froide lorsqu'il faut se charger de la maintenance, et encore pire si vous cassez le verre droit. A 800 dollars, Meta a peut-être contenu les prix, mais n'a visiblement pas pensé à rendre son appareil durable.
Le premier problème, c'est bien évidemment la batterie. Il s'agit d'une petite pile (de 960 mWh, contre 856 mHw pour les Oakley) placée dans la branche droite des lunettes. Avec six heures d'utilisation promises par Meta, on peut vite imaginer qu'il faudra utiliser plusieurs cycles de charge par jour, ce qui aura pour conséquence directe d'accélérer l'usure. Si la remplacer n'est pas "totalement impossible", encore faut-il que Meta en propose une de rechange, ce qui n'est pas le cas.

Mais pour l'atteindre, il faut être particulièrement précautionneux en utilisant un souffle d'air chaud pour décoller le plastique. C'est l'aspect le plus complexe, car pour assurer une étanchéité complète, Meta n'y est pas allé de main morte. Un simple geste de trop, et vous pouvez facilement casser un des connecteurs.
Autre problème: les verres. Qu'il s'agisse d'une casse ou d'une rayure, les lunettes font partie de la vie parfois tumultueuse de l'utilisateur. On peut donc avoir besoin de les remplacer bien plus souvent qu'on le prévoyait, d'autant plus si ce sont vos lunettes principales.
C'est sans compter sur le petit projecteur (intégré sur la branche de droite), constate iFixit. Il vient en fait projeter une image d'un petit écran semblable à un téléviseur LCD, avant de passer par plusieurs petits miroirs réfléchissant environ 5% de la lumière, pour finalement apparaître sur le verre.

Faire aussi bien que l'iPhone Air
A cela s'ajoute le travail de traitement du verre, qui va dévier la lumière pour qu'on puisse voir distinctement "l'écran" se reflétant dedans. Plusieurs couches de verre sont en fait additionnées l'une sur l'autre. Un véritable travail d'orfèvrerie qui empêche la formation d'artefact et qui permet de voir l'écran même s'il fait un grand soleil. De plus, le traitement a été pensé de sorte que quelqu'un en face de vous ne verra pas ce qui s'affiche pour vous. Enfin, il y a la fonction d'assombrissement automatique pour foncer les verres lorsqu'il y a trop de lumière, et ce, à la volée. Mais à l'instar de la batterie, ce traitement a une durée de vie limitée.
Ces verres, précisément, sont finalement le principal problème dans la réparabilité des Ray-ban Display. iFixit voit mal comment un opticien classique pourra remplacer un verre cassé ou rayé.

Il n'y a toutefois pas que du très mauvais. Les charnières peuvent ainsi être changées, mais il faudra cependant passer outre la structure collée et de minuscules vis (T3).
Pour le reste, et notamment la partie "technique", on trouve la puce Snapdragon AR1, les 32 Go de mémoire flash et les 2 Go de Ram, mais le tout est soudé, à l'instar des hauts-parleurs. Un soudage qui rend toute manipulation très risquée en cas de panne.

"Chaque composant témoigne du chemin parcouru par Meta pour la miniaturisation, mais aussi du chemin qu'il lui reste à parcourir en matière de réparabilité," explique iFixit.
Le spécialiste termine en citant le bon exemple de l'iPhone Air: ce téléphone plus fin et plus léger que la majeure partie de ses concurrents n'en demeure pas moins "étonnamment réparable". A charge Meta de prendre exemple.