Etats-Unis: comment la reconnaissance faciale pourrait pister les femmes qui avortent

Une femme manifestant à New York pour le droit à l'avortement, le 26 mai 2022 - Timothy A. Clary
Dans les prochaines semaines, la Cour suprême des Etats-Unis pourrait choisir de mettre fin à une loi fédérale protégeant les femmes des textes anti-avortement dans divers Etats conservateurs. Mais comme le rapporte le magazine MIT Technology Review, certaines technologies pourraient être utilisées par n’importe quel citoyen opposé à l’avortement pour faire condamner des femmes l’ayant pratiqué.
“Notre plus grande peur est que certains Etats interdissent l’avortement, mais criminalisent également les femmes enceintes à la recherche de cliniques d’avortement en dehors de ces Etats” alerte Nathan Wessler, l’un des cadres de l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), l’une des plus grandes ONG américaines.
GoPro et reconnaissance faciale à bas prix
Toujours auprès du MIT Technology Review, Nathan Wessler mentionne une hypothèse qu’il juge plausible: l’utilisation des outils de reconnaissance faciale pour repérer des femmes souhaitant avorter dans des Etats voisins, à l’aide d’outils de vidéosurveillance placés autour de ces établissements.
Une surveillance qui pourrait provenir des forces de l’ordre, mais également de simples citoyens: certains Etats comme le Texas et l’Oklahoma, qui figurent parmi les plus conservateurs sur le sujet, permettent à tout individu de poursuivre en justice une femme ayant avorté.
Comme le rappelle le magazine américain, les militants anti-avortement se rendent depuis des décennies aux abords des cliniques, afin d’intimider les femmes s’y rendant pour une consultation.
Bon nombre de ces militants sont équipés de caméras de type GoPro afin d’enregistrer en vidéo les images des femmes concernées. Centralisées et couplées à des outils de reconnaissance faciale accessibles - et redoutablement efficaces - au grand public à partir de quelques dizaines d’euros par mois, ces images peuvent en quelques clics permettre à tout militant anti-avortement de trouver l’identité d’une femme aperçue à l’entrée d’un établissement de santé.
Les outils de reconnaissance faciale sont loin de représenter la seule menace technologique visant les femmes ayant recours à un avortement.
Depuis plusieurs semaines, les experts s’alarment sur l’utilisation de données personnelles, par exemple liées à la géolocalisation, aux recherches Google ou à des achats sur Amazon par les forces de l’ordre pour condamner les femmes ayant avorté dans les Etats ou la pratique pourrait être interdite - y compris en cas de viol.
Plusieurs élus démocrates ont récemment envoyé une lettre ouverte à Apple et Google afin de leur demander de mieux protéger les données sensibles des femmes sur les applications disponibles sur l’App Store (iOS) et le Play Store (Android).