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Comment la tech impacte (en bien ou en mal) le quotidien des femmes

Une jeune femme utilise son smartphone. (Photo d'illustration)

Une jeune femme utilise son smartphone. (Photo d'illustration) - Karolina Grabowska – Pexels

Avancées technologiques pour la santé féminine, diffusion plus large des causes féministes, mais aussi censure et biais des algorithmes... La tech profite-t-elle vraiment aux femmes ?

Internet et les nouvelles technologies révolutionnent-ils les droits des femmes? Difficile d'être exhaustif, tant les innovations sont nombreuses. Alors que les usages de l'intelligence artificielle fourmillent dans le domaine de la santé, certains d'entre eux promettent d'améliorer la santé des femmes. C'est le cas des avancées pour la détection précoce des cancers, notamment ceux du sein.

Plus récemment, nombre de startups se sont lancées sur le créneau de la "FemTech" (abréviation de "femmes" et de "technologies"). Ces solutions technologiques visent à couvrir les différents pans de la santé des femmes, dont certains sont encore trop tabous: la ménopause, la santé reproductive, le bien-être et la santé sexuels, le post-partum... En France, 81 startups sont recensées dans le domaine, selon la première cartographie réalisée fin 2022 par l'association Femtech France.

Censures et exploitations des données personnelles

Alors, haut les coeurs? Pas si vite. De récentes affaires impliquant les géants de la tech montrent que les droits des femmes, en ligne et hors ligne, sont encore largement bafoués.

Alors que les Etats-Unis ont révoqué le droit à l'avortement, une américaine de 17 ans a été poursuivie en août dernier pour avoir mis fin à sa grossesse dans le Nebraska après 23 semaines. Ces accusations ont été portées après l’examen de ses conversations privées transmises par Facebook aux autorités.

En août toujours, le réseau social a également limité l’accès à une publication du planning familial du Michigan. Il reprochait la promotion des pilules abortives alors que l’avortement reste légal dans cet Etat. Alors que Google avait annoncé en juillet dernier la suppression de données de recherche et de la localisation relatives à l'avortement, de nouvelles analyses menées en décembre ont montré que le moteur de recherche stockait toujours largement ces données.

En France, Facebook a également permis la diffusion de centaines de publicités anti-avortement provenant de la plateforme IVG.net, contre plusieurs dizaines de milliers d'euros.

La conception de la tech, encore loin de la parité

Le réseau social, règulièrement critiqué sur le sujet, assume une politique de modération à géométrie variable. En 2019, Facebook avait ainsi censuré en Australie une campagne contre le cancer du sein pour cause de "nudité".

La modération, en grande partie automatisée chez les géants de la tech, renvoie aux différents biais des algorithmes et autres systèmes d'intelligence artificielle... Et donc à ceux qui les pensent et les conçoivent. La conception de la tech reste une affaire d'hommes. Au 30 juin 2022, seulement 37% des employées étaient des femmes chez Meta, maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, selon ses derniers résultats financiers annuels.

Même constat chez Google, qui a réussi à imposer majoritairment ses produits - de son moteur de recherche à sa plateforme vidéo YouTube - et donc, façonne l'utilisation d'Internet. Seulement 37,5% des employées étaient des femmes, selon son rapport 2022 sur la parité et la diversité.

Le numérique, un outil d’émancipation des causes féministes ?

"Depuis plus d’une décennie, le web est devenu un vivier pour l’explosion de féminismes appartenant à plusieurs courants", écrit la sociologue Josiane Jouët dans son ouvrage "Numérique, féminisme et société" paru en 2022. Elle a notamment étudié les dynamiques militantes sur les principales plateformes (Twitter, Facebook, Instagram, YouTube) entre l’automne 2017 et l’automne 2021.

"Souvent qualifiées de néo-féminisme et critiquées pour être essentiellement un militantisme communicationnel, ces pratiques s’inscrivent pourtant dans l’historicité du féminisme, et s’articulent à des luttes concrètes dans l’espace physique", souligne-t-elle.

Il y a notamment eu un avant et un après #MeToo. Apparu sur Internet en 2017, ce hashtag fait suite aux révélations de l'affaire Harvey Weinstein, réalisateur accusé de harcèlements et d'aggressions sexuelles par plusieurs actrices.

Anaïs Cherif